lundi 26 mars 2018

Attentat terroriste de l'Aude: c'est la France qu'on a égorgée

Arnaud Beltrame, porte-drapeau à l'École militaire InterArmes dans le Morbihan,
© ESCC/Dircom


Vendredi 23 mars 2018, le terrorisme a frappé une nouvelle fois notre sol, ajoutant 4 victimes supplémentaires aux 241 personnes assassinées depuis janvier 2015 par des fanatiques se réclamant de l'Etat Islamique.

Fichés S

Après Charlie Hebdo, l'hyper casher, le Bataclan, Nice... rien ne change. Comme beaucoup d'autres, Radouane Lakdim était connu des services de police. Arrêté en 2010 pour des faits de violences, condamné à un mois avec sursis pour port d'arme prohibée en 2011, fiché S depuis 2014, condamné à un mois d'emprisonnement en 2015 pour usage de stupéfiants et refus d'obtempérer. En 2016 et en 2017, il était surveillé par les services de renseignements, mais la surveillance a été levée, faute de "signes laissant présager un passage à l'acte".

Environ 15 000 personnes sont fichées S pour radicalisation (1). Depuis 2014, 19 personnes fichées S sont passés à l'acte en France ou en Belgique. Parmi les fichés S on retrouve Mohammed Merah, les frères Kouachi, Salah Abdesslam, Radouane Lakdim... Le fait d'être fiché S n'a empêché aucun d'entre eux de passer à l'acte.
Le passage à l'acte, c'est bien cela le problème. Une fois de plus, les officiels nous expliquent qu'ils ont fait tout ce qu'il fallait, que l'assassin était surveillé, mais que rien ne permettait de penser qu'il allait passer à l'acte. La déclaration du procureur de la République, François Molins est un modèle du genre: "il faisait l'objet d'un suivi effectif de la part de services de renseignements, suivi qui n'avait permis de mettre en évidence aucun signe précurseur pouvant laisser présager un passage à l'acte terroriste". Voilà, c'est la faute à pas de chance, circulez, y'a rien à voir. Non mais qu'est ce qu'ils espèrent ? Un coup de fil ? Un SMS ? "Allo ?, bonjour, je suis un suspect islamiste fiché S, je viens de me radicaliser, je vais passer à l'acte. A tout de suite."


L'incompétence de nos dirigeants

En déplacement à Bruxelles lors de la prise d'otages, Macron, Président de la République Française, se transforme en commentateur en nous expliquant qu'il n'a jamais caché que la menace terroriste était élevée parce qu'il y a une menace "endogène" avec des individus qui "se sont radicalisés eux-mêmes". (2) On atteint le summum de l'incompétence et de l'irresponsabilité. Le Président de la République lui-même n'est plus un acteur, c'est devenu un simple commentateur télé impuissant qui décrit les évènements.
Que de dire de Manuel Valls, qui avant lui, nous expliquait à chaque attentat qu'il y en aurait d'autres et qu'il fallait s'habituer à vivre avec la menace terroriste.
Ce gouvernement, comme les précédents, s'accommode parfaitement des attentats terroristes. Comme les précédents, il venait pourtant d'adopter une nouvelle loi antiterroriste. Le 30 octobre 2017, Macron signait avec la mise en scène habituelle la dernière loi antiterroriste censée prendre le relais de l'état d'urgence: "Cette loi nous permettra de sortir de l'état d'urgence à compter du 1er novembre tout en assurant pleinement la sécurité de nos concitoyens". Bon, eh bien c'est raté on dirait.
Les terroristes qui nous assassinent sont des lâches. Massacrer à bout portant des civils désarmés est à la portée de n’importe quel psychopathe cocaïné. Ceux qui nous dirigent sont aussi des lâches. Ils jouent avec la vie de leur concitoyens, confortablement assis derrière leurs bureaux et leurs domiciles ultra-protégés. Incapables d’empêcher des fous meurtriers de nous assassiner.

Accueillir les terroristes ou les buter jusque dans les chiottes

Autres pays, autres moeurs. En 1999, suite aux attentats de Moscou attribués à des Tchétchènes, Vladmimir Poutine déclare: "nous poursuivront les terroristes partout, même dans les toilettes s'il le faut. On les butera dans les chiottes. Voilà, la question est close".
Le 25 mars 2018, 2 jours après la prise d'otages, Christophe Castaner, secrétaire général du parti de Macron, ancien porte parole du gouvernement déclare: "258 adultes Français sont en Syrie et susceptibles de revenir. Il vaut mieux les accueillir, les suivre, les emprisonner lorsque des actes criminels ont été commis, pour faire en sorte que l'on puisse identifier le risque"
Un dirigeant veut buter les terroristes jusque dans les chiottes, l'autre veux les accueillir pour identifier le risque... Cherchez l'erreur. Il parait qu'on a les dirigeants qu'on mérite.

Combien de Merah, de Kouachi, de Lakdim dans les cités ?

D'après le Ministre de l'intérieur Gérard Collomb, l'égorgeur Lakdim était un petit délinquant qui s'est radicalisé. Mais combien de petits délinquants susceptibles de se radicaliser comptent les innombrables cités françaises où même la police n'ose plus rentrer ?
Et comment peut-on croire un instant que ces gens là sont surveillés afin de les empêcher de commettre des attentats alors même que les pouvoirs publics sont incapables de les empêcher de vendre simplement de la drogue ?
La vérité c'est que personne ne sait combien ils sont, ce qu'ils préparent et quand ils vont frapper. La vérité, c'est que personne n'est capable de prévenir la radicalisation et le passage à l'acte d'un petit délinquant. La vérité, c'est que Macron et ce gouvernement, comme tous les autres avant eux, sont incapables d'assurer la première mission qui leur incombe: celle de protéger la vie des citoyens.

Ils égorgent nos fils et nos compagnes

Dans les heures qui suivirent le drame, les médias sont restés flous sur les causes de la mort du gendarme qui a échangé sa vie contre celle d'une otage. Le lendemain, un compte twitter (@entrevoixnues) a publié un message à l'attention de Gérard Collomb et affirmé que le gendarme avait été "égorgé". Le compte a été immédiatement suspendu.
Il faudra attendre 48 heures pour que quelques rares médias osent en parler. Ainsi, dans Le Parisien du 25 mars on a confirmation que, "l’autopsie réalisée sur le corps de l’officier de gendarmerie a révélé des lésions mortelles à l’arme blanche au niveau du cou, selon des sources concordantes."
Que de précautions pour éviter de troubler encore plus l'opinion publique: le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame est mort égorgé. Oui, égorgé.
Alors chuuut... chuuuut, il ne faut pas en parler. On va juste parler de son courage admirable, de son héroïsme, des valeurs qu'il incarne, de la République, mais s'il vous plait, chuuut, on ne va pas parler des circonstances de sa mort.
Pourquoi ? et bien parce qu'il est insoutenable de nous expliquer que d'un côté Arnaud Beltrame, dans son origine, dans son parcours, dans son activité professionnelle symbolisait parfaitement la République Française et ses valeurs.
Et que dans le même temps, il est mort égorgé, exactement comme cette strophe prémonitoire de la Marseillaise qu'il incarnait tant:
"Entendez-vous dans nos campagnes, Mugir ces féroces soldats ? Ils viennent jusque dans nos bras, Egorger nos fils et nos compagnes ?"

Vous connaissez la suite ? Si vous ne la connaissez pas, relisez la Marseillaise.

Aujourd'hui, attentat après attentat, ce ne sont pas seulement des citoyens innocents qu'ils assassinent, c'est la République. Et ce n'est pas l'incompétence criminelle de nos dirigeants qui va les arrêter.











samedi 17 mars 2018

L'Angleterre décide d'empoisonner les élections russes et la Coupe du Monde


Sergueï Skripal est un ancien colonel de l'armée russe jugé et condamné à 13 ans de prison pour haute trahison par la Russie pour avoir vendu des renseignements militaires à l'Angleterre. En 2010, il bénéficie d'un échange de prisonniers qui lui permet de s'installer à Salisbury, à 140 kms au sud-ouest de Londres. Le dimanche 4 mars, après avoir déjeuné avec sa fille Ioulia venue de Russie lui rendre visite, il sont tous deux pris de convulsions et s'effondrent sur un banc, inconscients. Ils sont aujourd'hui hospitalisés dans un "état critique".

Tout s'emballe dans les jours qui suivent. Thérésa May, premier ministre britannique affirme devant les parlementaires qu'il est "très probable que la Russie soit responsable" puis quelques jours plus tard elle insiste: " Il n'existe d'autre conclusion que celle qui désigne l'état russe comme coupable de la tentative de meurtre de monsieur Skripal et de sa fille..."
Le 14 mars, alors que le Conseil de Sécurité se réunit en urgence à la demande des Britanniques, Nikki Haley, la représentante des Etats-Unis prend la parole et affirme: " Les Etats-Unis pensent que la Russie est responsable de l'attaque sur ces deux personnes sur le territoire du Royaume-Uni en utilisant un agent neurotoxique de qualité militaire."
Il ne manque que la fiole et c'est un remake parfait de Colin Powel en 2003 accusant l'Irak de posséder des armes de destruction massive que personne ne retrouvera jamais.
La France et son jupitérien président Macron leur emboîte le pas le 16 mars lors de sa conférence de presse avec la chancelière allemande Angela Merkel: "J'aimerais redire un mot de solidarité à l'égard de la Grande-Bretagne qui a subi une attaque sur son sol, redire ici que nous condamnons cette ingérence russe et ce qui s'est passé puisque tout porte à croire que c'est la Russie qui a conduit cette tentative d'assassinat."


La présomption d'innocence, vous connaissez ?

La présomption d'innocence est un élément fondateur des démocraties qui veut que tout homme est présumé innocent tant que sa culpabilité n'a pas été établie après un procès équitable.
Elle est inscrite dans l'article 11 de la déclaration universelle des droits de l'homme de l'ONU: "Toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées." (1)
Elle figure également dans la convention européenne des droits de l'homme à l'article 6: "Toute personne accusée d'une infraction est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie". (2)
En France, outre la mention de la présomption d'innocence dans la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, le code de procédure pénal prévoit que "les atteintes à la présomption d'innocence sont prévenues, réparées et réprimées dans les conditions prévues par la loi" (3). En 2005, le Conseil d'Etat a rappelé que la présomption d'innocence est au nombre des libertés fondamentales. (4)

Visiblement, les principes de l'ONU et de la Convention Européenne des Droits de l'Homme s'appliquent uniquement quand cela les arrange.

Mais pour mieux comprendre pourquoi l'Angleterre est si prompte à accuser sans aucune autre preuve qu'un composant chimique qu'elle prétend avoir découvert sur place, mais qu'elle refuse de transmettre aux Russes pour qu'ils mènent leur propre enquête, il faut replacer cette affaire dans le contexte actuel: Brexit, élections russes et Coupe du Monde.

Depuis le Brexit en juin 2016, l'Angleterre traverse l'une des plus graves crises de son histoire contemporaine. Depuis bientôt deux ans, les négociations avec l'Union Européenne sont au point mort et personne n'est capable de mesurer réellement quelles seront les conséquences pour l'Angleterre, mais également pour l'Europe.
Alors que le Brexit doit entrer en vigueur en mars 2019, Londres réclame maintenant une période de transition qui s'étalerait jusqu'en mars 2021...
Ce qui est acté en revanche, c'est que bon nombre de multinationales installées à Londres sont en train de déménager. Le dernier départ en date, celui d'Unilever constitue un revers cuisant pour Thérésa May qui s'efforce d'expliquer avec de plus en plus de difficultés que le Royaume-Uni reste un pays où les entreprises étrangères investissent malgré le Brexit.
Sur le plan intérieur, Thérésa May a également été considérablement affaiblie par son mauvais résultat aux élections législatives de juin 2017, pourtant censées lui donner une majorité forte afin de négocier le Brexit, ainsi que par la démission de deux de ses ministres en novembre 2017 dont le ministre de la défense suite à des faits de harcèlement sexuel. (5)

Dimanche 18 mars se dérouleront en Russie les élections présidentielles qui devraient voir sans surprise une victoire de Vladimir Poutine pour un 4ème mandat, les derniers sondages le donnant vainqueur avec environ 70% des intentions de vote.
Les ressorts de la popularité de Vladimir Poutine sont nombreux, même si la situation économique est difficile en Russie, surtout depuis les sanctions occidentales et la chute du Rouble. Détesté à l'étranger par les gouvernements qui ne voient en lui qu'un chef de guerre contrecarrant leurs projets, notamment en Syrie, Poutine est plébiscité dans son pays car les Russes voient en lui un véritable chef d'Etat qui aime son pays et défend d'abord les intérêts de sa nation. Russia First...

Enfin, il y a la coupe du monde de football qui se déroulera du 14 juin au 15 juillet 2018 en Russie. Pendant un mois, pratiquement tous les jours, le monde entier aura les yeux tournés vers la Russie avec la ferveur que seule une Coupe du Monde de football peut déclencher.
Aucune autre manifestation sportive ne suscite autant de passion et surtout de couverture médiatique. Si la Russie souhaite donner une autre image que celle qu'on lui donne habituellement, c'est le moment ou jamais. Les Russes le savent, les Anglais aussi visiblement, eux qui viennent d'annoncer qu'ils ne participeront pas "normalement" à la Coupe du Monde en brandissant la punition la plus sévère qu'on pouvait envisager: aucun membre de la famille royale ne se rendra en Russie dans le cadre de la compétition.
Quel rapport entre le football et un espion ? Aucun. Il s'agit juste de salir la Russie, mais point trop n'en faut. Les Anglais auraient pu boycotter totalement la compétition et ne pas y envoyer leur équipe nationale, mais il y a fort à parier que la popularité déjà basse de Thérésa May se serait alors effondrée, notamment dans les couches populaires. On ne va pas être plus royaliste que la reine.

Pourquoi maintenant ?

Mais la chose la plus troublante et la plus incohérente dans cette histoire, c'est le timing de cette opération. Skripal vivait en Angleterre depuis 8 ans. Il n'avait apparemment plus aucune activité d'espionnage et ne possédait plus aucun renseignement stratégique sur la Russie qu'il n'avait pas déjà monnayé. Quel intérêt les Russes avaient-ils donc à l'éliminer ? Et surtout pourquoi l'éliminer quelques jours avant les élections présidentielles russes, sachant les répercussions qu'auraient un tel évènement.

Dans l'hypothèse où ils auraient voulu l'assassiner, qu'est ce qui empêchait les Russes d'attendre 15 jours de plus pour éliminer Skripal alors qu'ils avaient déjà attendu 8 ans ? Cette question, personne ne se la posera parce que le coupable a déjà été désigné et que le seul et unique objectif est maintenant d'étayer cette affirmation par tous les moyens.   

Il ne s'agit plus de mener une enquête objective et indépendante, il s'agit juste de redorer le blason de l'Angleterre bien terni par le Brexit, de jeter le trouble dans l'esprit des Russes juste avant leur élection présidentielle et de tenter de saborder une coupe du monde, dont l'organisation a été confiée à la Russie, rappelons-le, au détriment de... l'Angleterre.