Ils sont SDF, ils dorment dans les rues de Lyon depuis de
longs mois. Les températures de plus en plus basses et le plan froid inefficace
de la préfecture n’y changent rien. Depuis quelques jours, la famille est
décimée par la tuberculose. Le grand-père puis la mère sont hospitalisés. Le
père est laissé 3 jours à la rue « faute de place », les 3 enfants et
la grand-mère sont également remis à la rue, sachant qu’ils sont SDF, au mépris
toutes les précautions élémentaires.
Une famille décimée
Le grand-père se plaint depuis plusieurs semaines de
courbatures et de fièvre. Il tousse sans arrêt. Pour vous ou moi, ce sont des
symptômes inquiétants mais qui va s’en inquiéter pour un SDF ? Son état se
dégrade rapidement et il est finalement conduit aux urgences qui diagnostiquent
un cas de tuberculose. Ni une ni deux, on l’envoie immédiatement à l’hôpital,
en quarantaine. Lorsque les membres de sa famille qui vivent également à la rue
viennent lui rendre visite, on leur explique qu’ils doivent tous aller faire
des examens en urgence.
Les résultats sont connus quelques jours plus tard et la
prise en charge est surréaliste. Dans un premier temps, la mère est
hospitalisée elle aussi, mais pas son mari, « faute de places
disponibles » explique-t-on à la famille. En attendant, il retourne à la
rue, histoire de contaminer un peu plus les personnes avec lesquelles il est en
contact. Son tour à l’hôpital ne vient que 3 jours plus tard. Le traitement réservé
aux enfants est ahurissant. Pour n’importe quel enfant, on aurait décidé une
mise sous surveillance et une mise à l’abri. Là, non, les 3 enfants du couple
hospitalisés eux aussi sont rejetés à la rue, les 2 plus grands avec une boîte
de l’anti-tuberculeux. Le plus petit qui à 3 ans, oui, vous avez bien lu 3
ans…, se voit donner un rendez-vous pour une consultation en pneumologie… En
2014… En attendant, lui aussi a le droit de retourner dormir sur le
bitume glacé des nuits lyonnaises.
La tuberculose
D’après l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), la
tuberculose est l’une des maladies les plus meurtrières avec le sida. En 2012,
elle a tué 1,3 millions de personnes dans le monde.
Elle fait partie des maladies à déclaration obligatoire,
c’est-à-dire que tout professionnel de santé qui se trouve en présence d’un cas
de tuberculose doit le signaler immédiatement à l’ARS (Agence Régionale de
Santé).
Et pour cause. La tuberculose pulmonaire, de loin la plus
répandue, se transmet par les voies aériennes. Autrement dit, toujours selon
l’OMS : « Lorsque les personnes
atteintes de tuberculose pulmonaire toussent, éternuent ou crachent, elles
projettent les germes de la tuberculose dans l’air. Il suffit d’en inhaler
seulement quelques-uns pour être infecté. » (1) Les espaces confinés
dans lesquels nous passons de longs moments sont particulièrement
propices : métro, bus, tramway… Tous les jours, le quartier de la Part
Dieu où vit la famille est fréquenté par plus de 150 000 personnes. C’est le
quartier de Lyon le plus fréquenté de la ville.
La violation d’un liberté fondamentale
D’après une jurisprudence du Conseil d’Etat, le refus d’un
hébergement d’urgence à une personne en situation de détresse peut constituer
une atteinte à une liberté fondamentale. Un préfet ne peut donc se prévaloir de
la mise en place d’un dispositif notoirement insuffisant pour venir ensuite
nous raconter qu’il n’a plus les moyens de mettre à l’abri des personnes
vulnérables et particulièrement des enfants.
Chaque soir, environ 800 personnes sans-abri se voient
refuser un hébergement d’urgence à Lyon,
en violation de l’article L 345-2-2 du Code de l’action sociale et des
familles qui prévoit pourtant que « toute
personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique et sociale a
accès, à tout moment, à un dispositif d'hébergement d'urgence.»
Chaque soir, malgré de multiples condamnations par la
justice, le préfet de Lyon continue de violer donc la loi en refusant
d’héberger des centaines de sans-abri dont des centaines d’enfants.
Un préfet qui aggrave la situation
Le préfet qui est censé faire respecter la loi de la
République est bien absent lorsqu’il s’agit de faire respecter le droit à
l’hébergement des plus pauvres. Pour faire respecter le droit de propriété des
plus riches, en revanche, il est champion.
Ca s’appelle du socialisme à la française. Demandez à
Cahuzac, illustrissime ex-ministre socialiste du budget, la protection et la
mise à l’abri des richesses, il en connaît un rayon.
Il y a quelques jours, le préfet Carenco n’a donc pas hésité
une seconde à jeter à la rue une soixantaine de personnes dont la moitié
d’enfants qui occupait un bâtiment pourtant voué à la démolition. Lors de
l’expulsion, les enfants ont été gazés par la police pour les disperser. (2)
En appliquant les consignes de fermeté de son patron Manuel
Gaz, il aggrave une situation déjà insupportable.
Mais cette fois, en jetant à la rue des familles avec des
enfants scolarisés, il s’est mis dans une situation qu’il ne va pas tarder à
regretter.
Depuis le 2 décembre, jour de l’expulsion, des réactions de
révolte et de solidarité voient le jour. Les occupations de maisons abandonnées
par des groupes organisés se multiplient mais ce sont aussi de nouveaux acteurs
qui rentrent dans le jeu. Deux écoles ont ainsi décidé d’ouvrir leurs locaux à
des familles qui dorment à la rue. Des banderoles sont affichées sur le fronton
de l’école qui dénoncent l’incompétence de l’Etat, cachant le drapeau
républicain. (3) Une pétition qui réunit plus de 2 000 signatures est en ligne
et les appels aux réquisitions citoyennes se multiplient à Lyon. (4)
Alors que les deux dernières années, le préfet avait
respecté la trêve hivernale qui interdit les expulsions en l’appliquant aux
squats, cette année, en raison des élections municipales, il semble avoir
changé radicalement de position. Il n’hésite plus à jeter à la rue des familles
entières avec des enfants et des nourrissons prouvant ainsi à tous sa
conception très généreuse de l’humanité.
Des questions
Comment peut-on laisser dormir dans la rue, au risque
d’aggraver leur état de santé, des personnes manifestement atteintes de la
tuberculose puisqu’on les hospitalise les unes après les autres ?
Comment peut-on laisser à la rue, au risque de contaminer
toutes les personnes avec lesquelles elles sont en contact, des personnes
suspectées d’être atteintes de la tuberculose, au point de leur prescrire un
traitement anti-tuberculeux ?
Qu’est ce que font des enfants à la rue sans leurs parents,
et plus encore des enfants qui ont dormi pendant plusieurs jours avec leurs
parents atteints de la tuberculose ?
Comment les autorités sanitaires pensent-elles suivre
l’évolution de l’état médical d’une famille qui vit à la rue en changeant de
squat au gré des expulsions policières ordonnées par le préfet ?
Combien de personnes ont été en contact avec le père avant
que celui-ci soit hospitalisé, alors même que la maladie avait été
diagnostiquée ?
Pourquoi, s’il n’y a aucun risque de santé publique,
conseille-t-on à toutes les personnes en contact avec la famille d’aller faire
des tests anti-tuberculeux ?
L’incompétence de l’Etat socialiste
Aujourd’hui, l’Etat est non seulement défaillant dans son
obligation de protéger et de mettre à l’abri les plus faibles, il est
aujourd’hui également défaillant dans son obligation de protéger la population
toute entière contre une des maladies les plus meurtrières de notre époque.
A force de jouer avec les sans-abri en les expulsant de
squat en squat, en leur refusant un hébergement d’urgence, l’état est
maintenant en train de jouer avec la santé publique.
Quand, en plus, l’état socialiste vient nous expliquer qu’il
va engager 450 millions d’euros en Centrafrique pour aller rétablir l’ordre en
dehors de nos frontières, alors qu’il n’est même pas capable de mettre à l’abri
et de soigner des sans-abri atteints de la tuberculose qui peuvent transmettre
le virus, il y a vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond en Hollandie et
probablement aussi dans la tête de notre monarque absolu.
(1) http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs104/fr/
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