On croyait avoir tout vu en ce qui concerne les
pratiques policières françaises contre les roms. Et bien non, il va
falloir se faire une raison. Après les expulsions et les traques qui ont
repris de plus belle avec Hollande et Valls (1). Après les cyclistes
verbalisés pour pneus lisses (2). Après les enfants violentés,
pourchassés et humiliés par la police (3). Voici le bébé de 12 mois
enfermé pendant plus de 4 heures, accusé d’avoir mendié.
Les faits se passent en cette fin d’année 2012. Mirela (4), rom originaire de Roumanie, sollicite la générosité des passants afin qu’ils lui donnent quelques pièces qui lui permettront d’acheter de quoi manger pour elle et son enfant. Sa main gauche est tendue, la paume ouverte vers le ciel, sa main droite tient fermement la poussette de son enfant de 12 mois.
Mirela vit dans un “camp”, appellation politiquement correcte pour désigner en réalité, un bidonville qui ressemble aux favelas de Rio ou d’ailleurs. La France est la 5ième puissance économique au monde, mais elle est incapable d’intégrer correctement les 15 000 roms présents sur son territoire dont la moitié sont des enfants. Comme des centaines de familles, Mirela n’a nulle part où aller. Le 115 lui répète inlassablement chaque jour que toutes les places d’hébergement d’urgence sont occupées. Condamnée à rester dans un bidonville avec son enfant, elle doit trouver de l’argent pour survivre et n’a pas les moyens de mettre son bébé à la crèche. Tout le monde pourrait s’en douter.
Tout le monde, sauf nos chers policiers-assistantes-maternelles-la-main-sur-le-cœur qui, outrés par la présence d’un enfant dans la rue, décident de prendre le problème à bras-le-corps et l’enfant sous leurs bras protecteurs. Bien que Mirela ne fasse que tendre la main aux passants, ils trouvent son attitude insupportable et contraire aux lois de la république.
Dans la France de Hollande, Valls et Bauer, un enfant rom dans les bras de sa maman est en effet devenu un danger public. Alors les policiers vont les emmener manu militari au poste où ils vont humilier, insulter et menacer la maman.
On lui demande tout d’abord de présenter ses papiers d’identité ainsi que ceux de son enfant, ce qu’elle fait. La procédure qui suit ne peut donc pas être une vérification d’identité puisque selon l’article 78-3 du code pénal, « La personne qui fait l'objet d'une vérification ne peut être retenue que pendant le temps strictement exigé par l'établissement de son identité ». Alors pour faire bonne figure et justifier les longues heures d’attente que la maman et son bébé vont passer au poste, la police va falsifier la vérité et relater par écrit des faits matériellement impossibles.
Cela ne devrait pas tarder, mais la mendicité n’est pas encore interdite en France socialiste. Un Officier de Police Judiciaire (OPJ) va donc l’accuser, tenez vous bien, d’avoir « organisé la mendicité d’autrui en vue d’en tirer profit », avec cette circonstance aggravante que les faits auraient été commis à l’égard de son enfant de 12 mois. On croit rêver, mais non, c’est bien écrit noir sur blanc.
Un bébé de 1 an, ça pleure, ça rit, ça crie, c’est un trésor que l’on protège et que l’on chérit. On y tient comme à la prunelle de nos yeux, quand il a mal, on a mal, quand il sourit, on est heureux. Et bien non. Selon la police, les roms détestent leurs enfants, ils les haïssent même, au point d’en faire des mendiants, dès l’âge de … 12 mois…
Incroyable, mais vrai, la police français voit vraiment des choses extraordinaire.
L’OPJ qui a rédigé le rappel à la loi aurait dû passer un coup de fil au Guinness des records.
Un bébé roumain de 12 mois, qui marche, tend la main, parle en français et court après les passants pour leur demander de l’argent, si ce n’était pas écrit sur un document officiel de la police, personne n’y croirait, n’est-ce pas ?
Le rappel à la loi qui est donné à Mirela explique que les faits qui lui sont reprochés sont passibles de 5 ans d’emprisonnement et 75 000 € d’amende (article 225-12-6 du code pénal). Elle est également sous la menace d’une interdiction de séjour en France d’au mois 10 ans. (article 225-20 et 21 du même code pénal). Magnanime, l’OPJ va quand même laisser repartir la maman et son enfant plus de 4 heures après leur arrestation, en précisant bien à Mirela qu’elle sera poursuivie devant le tribunal si elle commet une autre infraction dans les 3 ans à venir…
On pourrait penser qu’il s’agit là d’un dérapage de quelques policiers particulièrement zélés, sensibles aux conditions de vie des enfants roms et qui ont raté leur vocation d’assistante sociale. Pas du tout. Ce détournement de la loi afin de traquer, de condamner et d’expulser des familles roms n’est pas nouveau. Il est dans le droit fil de la politique raciste lancée par Sarkozy contre les roms et reprise à leur compte par Hollande et Valls.
Lors de l’été 2011, déjà, des mamans roms qui mendiaient avaient été arrêtées et séparées de leurs enfants plusieurs semaines. A l’époque, c’est la « privation de soins » qui avait été évoquée par les policiers, mais le tribunal de Bobigny avait décider de relaxer les mamans injustement incriminées. (5)
A l’époque, la police se trouva fort dépourvue quand la sentence du tribunal fut venue. Un policier en avait les larmes aux yeux: «Le phénomène n'est pas facile à appréhender. Il existe peu de recours pour protéger ces enfants. Si la privation de soins n'aboutit pas, notre champ d'action se retrouve bien restreint». Le policier assistante maternelle en chef avait prévenu: «Nous n'avons pas l'intention d'abandonner ces enfants. Si la privation de soins ne fonctionne pas, nous trouverons autre chose» (6)
Ouf, nous sommes soulagés, les policiers ont trouvé autre chose: le réseau mafieux de mendicité organisé par la maman qui force son bébé de 12 mois à courir après les passants pour leur extorquer de l'argent… Plus c'est gros, plus ça passe. Après le cancer, la sécurité routière, les violences faites aux femmes, je propose que l’on érige en grande cause nationale la protection des enfants roms et que l’on mette sur le coup tous les policiers de France et de Navarre. Plus sérieusement, au lieu de se prendre pour ce qu’ils ne sont pas et n’ont jamais voulu être, des assistantes maternelles, les policiers et leur hiérarchie feraient mieux de s’occuper de la vraie délinquance qui elle, ne cesse de progresser.
Le gouvernement qui n’a de socialiste que le nom, ferait mieux pour sa part de lutter contre la pauvreté plutôt que de pourchasser les pauvres.
Bébés roms qui êtes nés sous une mauvaise étoile, en ce début d’année traditionnellement consacré aux vœux, la France, le Président Hollande et son bras armé Manuel Valls vous souhaitent une bonne et heureuse année 2013… En Roumanie.
(1) http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-alain/110812/enfants-roms-lautre-tweet-de-valerie
(2) http://www.mediapart.fr/journal/france/261012/roms-le-harcelement-des-policiers-de-lessonne
(3) http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-alain/061012/des-enfants-pourchasses-violentes-et-humilies-par-la-police
(4) le prénom a été changé
(5) http://lci.tf1.fr/france/justice/mendiantes-roumaines-au-tribunal-la-chasse-aux-roms-continue-6808956.html
(6) http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2011/10/25/01016-20111025ARTFIG00350-la-police-face-au-casse-tete-des-enfants-mendiants.php?cmtpage=4
Les faits se passent en cette fin d’année 2012. Mirela (4), rom originaire de Roumanie, sollicite la générosité des passants afin qu’ils lui donnent quelques pièces qui lui permettront d’acheter de quoi manger pour elle et son enfant. Sa main gauche est tendue, la paume ouverte vers le ciel, sa main droite tient fermement la poussette de son enfant de 12 mois.
Mirela vit dans un “camp”, appellation politiquement correcte pour désigner en réalité, un bidonville qui ressemble aux favelas de Rio ou d’ailleurs. La France est la 5ième puissance économique au monde, mais elle est incapable d’intégrer correctement les 15 000 roms présents sur son territoire dont la moitié sont des enfants. Comme des centaines de familles, Mirela n’a nulle part où aller. Le 115 lui répète inlassablement chaque jour que toutes les places d’hébergement d’urgence sont occupées. Condamnée à rester dans un bidonville avec son enfant, elle doit trouver de l’argent pour survivre et n’a pas les moyens de mettre son bébé à la crèche. Tout le monde pourrait s’en douter.
Tout le monde, sauf nos chers policiers-assistantes-maternelles-la-main-sur-le-cœur qui, outrés par la présence d’un enfant dans la rue, décident de prendre le problème à bras-le-corps et l’enfant sous leurs bras protecteurs. Bien que Mirela ne fasse que tendre la main aux passants, ils trouvent son attitude insupportable et contraire aux lois de la république.
Dans la France de Hollande, Valls et Bauer, un enfant rom dans les bras de sa maman est en effet devenu un danger public. Alors les policiers vont les emmener manu militari au poste où ils vont humilier, insulter et menacer la maman.
On lui demande tout d’abord de présenter ses papiers d’identité ainsi que ceux de son enfant, ce qu’elle fait. La procédure qui suit ne peut donc pas être une vérification d’identité puisque selon l’article 78-3 du code pénal, « La personne qui fait l'objet d'une vérification ne peut être retenue que pendant le temps strictement exigé par l'établissement de son identité ». Alors pour faire bonne figure et justifier les longues heures d’attente que la maman et son bébé vont passer au poste, la police va falsifier la vérité et relater par écrit des faits matériellement impossibles.
Cela ne devrait pas tarder, mais la mendicité n’est pas encore interdite en France socialiste. Un Officier de Police Judiciaire (OPJ) va donc l’accuser, tenez vous bien, d’avoir « organisé la mendicité d’autrui en vue d’en tirer profit », avec cette circonstance aggravante que les faits auraient été commis à l’égard de son enfant de 12 mois. On croit rêver, mais non, c’est bien écrit noir sur blanc.
Un bébé de 1 an, ça pleure, ça rit, ça crie, c’est un trésor que l’on protège et que l’on chérit. On y tient comme à la prunelle de nos yeux, quand il a mal, on a mal, quand il sourit, on est heureux. Et bien non. Selon la police, les roms détestent leurs enfants, ils les haïssent même, au point d’en faire des mendiants, dès l’âge de … 12 mois…
Incroyable, mais vrai, la police français voit vraiment des choses extraordinaire.
L’OPJ qui a rédigé le rappel à la loi aurait dû passer un coup de fil au Guinness des records.
Un bébé roumain de 12 mois, qui marche, tend la main, parle en français et court après les passants pour leur demander de l’argent, si ce n’était pas écrit sur un document officiel de la police, personne n’y croirait, n’est-ce pas ?
Le rappel à la loi qui est donné à Mirela explique que les faits qui lui sont reprochés sont passibles de 5 ans d’emprisonnement et 75 000 € d’amende (article 225-12-6 du code pénal). Elle est également sous la menace d’une interdiction de séjour en France d’au mois 10 ans. (article 225-20 et 21 du même code pénal). Magnanime, l’OPJ va quand même laisser repartir la maman et son enfant plus de 4 heures après leur arrestation, en précisant bien à Mirela qu’elle sera poursuivie devant le tribunal si elle commet une autre infraction dans les 3 ans à venir…
On pourrait penser qu’il s’agit là d’un dérapage de quelques policiers particulièrement zélés, sensibles aux conditions de vie des enfants roms et qui ont raté leur vocation d’assistante sociale. Pas du tout. Ce détournement de la loi afin de traquer, de condamner et d’expulser des familles roms n’est pas nouveau. Il est dans le droit fil de la politique raciste lancée par Sarkozy contre les roms et reprise à leur compte par Hollande et Valls.
Lors de l’été 2011, déjà, des mamans roms qui mendiaient avaient été arrêtées et séparées de leurs enfants plusieurs semaines. A l’époque, c’est la « privation de soins » qui avait été évoquée par les policiers, mais le tribunal de Bobigny avait décider de relaxer les mamans injustement incriminées. (5)
A l’époque, la police se trouva fort dépourvue quand la sentence du tribunal fut venue. Un policier en avait les larmes aux yeux: «Le phénomène n'est pas facile à appréhender. Il existe peu de recours pour protéger ces enfants. Si la privation de soins n'aboutit pas, notre champ d'action se retrouve bien restreint». Le policier assistante maternelle en chef avait prévenu: «Nous n'avons pas l'intention d'abandonner ces enfants. Si la privation de soins ne fonctionne pas, nous trouverons autre chose» (6)
Ouf, nous sommes soulagés, les policiers ont trouvé autre chose: le réseau mafieux de mendicité organisé par la maman qui force son bébé de 12 mois à courir après les passants pour leur extorquer de l'argent… Plus c'est gros, plus ça passe. Après le cancer, la sécurité routière, les violences faites aux femmes, je propose que l’on érige en grande cause nationale la protection des enfants roms et que l’on mette sur le coup tous les policiers de France et de Navarre. Plus sérieusement, au lieu de se prendre pour ce qu’ils ne sont pas et n’ont jamais voulu être, des assistantes maternelles, les policiers et leur hiérarchie feraient mieux de s’occuper de la vraie délinquance qui elle, ne cesse de progresser.
Le gouvernement qui n’a de socialiste que le nom, ferait mieux pour sa part de lutter contre la pauvreté plutôt que de pourchasser les pauvres.
Bébés roms qui êtes nés sous une mauvaise étoile, en ce début d’année traditionnellement consacré aux vœux, la France, le Président Hollande et son bras armé Manuel Valls vous souhaitent une bonne et heureuse année 2013… En Roumanie.
(1) http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-alain/110812/enfants-roms-lautre-tweet-de-valerie
(2) http://www.mediapart.fr/journal/france/261012/roms-le-harcelement-des-policiers-de-lessonne
(3) http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-alain/061012/des-enfants-pourchasses-violentes-et-humilies-par-la-police
(4) le prénom a été changé
(5) http://lci.tf1.fr/france/justice/mendiantes-roumaines-au-tribunal-la-chasse-aux-roms-continue-6808956.html
(6) http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2011/10/25/01016-20111025ARTFIG00350-la-police-face-au-casse-tete-des-enfants-mendiants.php?cmtpage=4
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