dimanche 30 juin 2013

L'autre tweet de Valérie Trierweiler

@Valtrier
Je m’appelle Marcel et j’ai 7 ans. Je fais partie des 900 Roms de Lyon que monsieur Valls a décidé de jeter à la rue en application de décisions de justice dont je ne conteste nullement la légalité mais dont je voudrais porter à votre connaissance l’inhumanité.
Je pensais tout d’abord vous envoyer moi aussi un tweet, mais devant tout ce que le gouvernement et la police nous font subir en ce moment, je n’ai pas pu me limiter à 140 caractères et je vous prie de m’en excuser. J’ai donc décidé de vous écrire une lettre. Si tout cela continue, c’est un livre que je vous enverrai.
Il y a quelques mois, j’ai lu un de vos tweets, ou plutôt deux. Je ne veux pas vous parler de celui qui a fait les premières pages alors qu’il aurait dû être oublié mais plutôt de celui qui a été oublié alors qu’il aurait dû faire les premières pages.
Vous avez écrit : « Rapport de l'Unicef: 10% d' enfants pauvres en France. Une information qui mériterait l'indignation et la Une. Pas la banalisation. »
Tout d’abord, je voulais vous remercier pour l’attention que vous portez aux plus démunis et particulièrement aux enfants pauvres. Je voulais aussi vous signaler que selon ce même rapport de l’Unicef, le taux de pauvreté qui frappe les enfants en Roumanie n’est pas de 10%, mais de … 76%. (1) Vous comprenez sans doute pourquoi mes parents ont décidé un jour de tout quitter pour venir s’installer en France. Qu’auriez-vous fait à leur place ? Vous seriez restée en Roumanie ou vous auriez décidé de partir dans l’espoir de donner une vie meilleure à vos enfants ?
Une vie meilleure… Quelle utopie… Depuis quelques jours, c’est un véritable enfer que je vis avec ma famille.
Mardi matin, j’ai été expulsé « d’un campement insalubre » en application d’une décision de justice. Je ne sais pas pourquoi cette expulsion a eu lieu au mois d’août. Le jugement et le commandement de quitter les lieux ont été notifiés au mois de mai. De mauvaises langues disent que monsieur Valls a attendu le milieu de l’été pour expulser tout le monde en même temps dans l’espoir que cela passerait inaperçu.
Toute la journée, nous avons dû marcher parce que la police nous empêchait de nous reposer et de poser nos affaires. « Ce sont les ordres » disait le chef de la police. Une voiture de policiers en civil nous a suivis partout. On s’est sentis traqués comme des bêtes. Le soir, nous avons trouvé un endroit au milieu de nulle part. Il y avait déjà des Roms qui venaient d’un autre campement expulsé. Nous avons construit des abris de fortune avec des bouts de bois et des branches. La nuit je n’ai pas dormi. J’avais peur. Il y avait beaucoup de bruits étranges. Avant nous, il y avait d’autres  animaux qui occupaient cet endroit. Ils ne devaient pas être très contents que nous soyons ici. Plus personne ne veut de nous.
Le lendemain matin, des policiers en civil sont venus nous dire de partir. Nous avons dit que nous avions le droit de rester parce que les premières personnes étaient arrivées ici il y a une semaine. Le chef de la police à appelé quelqu’un au téléphone et puis au bout d’une heure, il nous a dit que non, qu’il fallait partir tout de suite ou alors qu’il appellerait des renforts. Nous avons refusé. Des dizaines de CRS sont arrivés. Ils nous criaient dessus: « Dégage », « Retourne dans ton pays », «Si ça ne tenait qu’à moi, je les mettrais tous dans un train et direction, la Roumanie ». Je ne comprends pas pourquoi ils nous parlent comme ça. Mon pays c’est la France, je vais à l’école, je parle français et je n’ai jamais mis les pieds en Roumanie.
Nous avons marché une bonne partie de la journée avant de nous reposer dans un parc. La police nous surveillait mais elle nous a laissé un peu de répit. Le soir, ils sont revenus nous dire qu’on ne pouvait pas rester là. Nous avons demandé où il fallait aller, ils nous ont dit qu’ils ne savaient pas. Que les ordres, c’était de nous faire partir ou alors ils allaient encore appeler les policiers en noirs qui veulent nous mettre dans des trains. Alors nous sommes partis, nous sommes retournés au même endroit que la veille… Tout cela n’a pas de sens, on tourne en rond.
Quelqu’un que vous connaissez très bien avait écrit qu’il n’y aurait plus d’expulsions de campements de Roms sans propositions de relogement. (2) Je ne demande même pas un relogement. Je demande juste qu’on me traite comme un être humain et non pas comme un animal.
Alors, voilà la situation, Madame.
Cela fait 5 jours que nous n’avons pas dormi. Nous n’avons plus rien à manger et plus rien à boire. Ma maman a la main toute gonflée suite à la morsure d’un animal. J’ai des boutons sur tout le corps à cause des piqûres d’insectes.
Cela fait 5 jours que personne ne s’est lavé et que nous portons les mêmes habits. Ma sœur vient de faire une infection urinaire et nous devons l’emmener à l’hôpital. Elle pleure tout le temps tellement elle souffre.
Cela fait 5 jours que la police nous chasse, nous traque, nous empêche de nous reposer le jour et nous réveille tous les matins en nous criant dessus.
La police dit qu’elle applique les ordres, le préfet, monsieur Carenco dit qu’il applique les ordres. Personne n’est responsable, tout le monde applique des ordres. Mais qui donc donne les ordres ? Qui peut donner l’ordre barbare de pourchasser ainsi nuit et jour des êtres humains ?

On me dit souvent que je ressemble à Gavroche. Si vous ne dites pas à celui qui partage votre vie tout ce qu’on nous fait subir, je chanterai partout :
Je ne suis pas notaire, je suis petit oiseau, joie est mon caractère, misère est mon trousseau,
Je suis tombé par terre,
C'est la faute à Trierweiler,
Le nez dans le ruisseau,
C'est la faute à Carenco


Aidez-nous, Madame, aidez-nous, je vous en supplie. Ils sont devenus fous, ils sont en train de nous tuer.


(1) http://www.unicef.fr/contenu/actualite-humanitaire-unicef/pays-riches-des-dizaines-de-millions-d-enfants-dans-la-pauvrete-2012-05-29
(2) http://www.romeurope.org/IMG/pdf/Reponse_Parti_Socialiste.pdf

Quand des élus font rimer socialisme avec racisme

Dans une tribune publiée par le journal « Le Monde » du 14 août 2012, intitulée: « Le gouvernement a raison de démanteler les campements illicites de Roms », 10 «élus locaux de gauche» dont la plupart sont en réalité membres du parti socialiste affichent leur soutien à Manuel Valls. (1)

En désignant expressément des personnes en fonction de leur origine ethnique dans le titre même de leur tribune, ces élus opèrent une discrimination insupportable qui nous rappelle les pires heures du sarkozysme: le discours de Grenoble et la circulaire du 5 août 2010 censurée par le Conseil d’Etat.
L’encouragement à la poursuite des démantèlements de « campements de Roms » est donc un appel contre les Roms encore plus stigmatisant que la circulaire du 5 août qui ordonnait aux préfets d’engager une « démarche systématique de démantèlements des campements, en priorité ceux des Roms ».
Sarkozy et Hortefeux démantelaient les campements, « en priorité ceux des Roms ».
Hollande et Valls, eux, démantèlent uniquement les campements des Roms.
On notera au passage que cette tribune est un désaveu cinglant, par son propre camp, de la stratégie de communication de Manuel Valls qui s’époumone depuis plusieurs jours à essayer de nous faire croire que sa politique n’est pas ciblée contre les Roms.
Cette tribune qui vise nommément une minorité ethnique est ensuite la démonstration affligeante que certains élus de la République ignorent notre Constitution, qui, dans son article premier assure l'égalité devant la loi pour tous, sans distinction d'origine, de race ou de religion… On ne peut donc pas cibler telle ou telle catégorie en fonction de son origine et demander l’application de la loi uniquement pour cette catégorie. C’est contraire à la Constitution et cela a été condamné par le Conseil d’Etat en avril 2011, saisi à l’époque par S.O.S. Racisme. (2)
D’autre part, les élus signataires de cette tribune ignorent totalement la réalité du terrain, ce qui pose une grave question. Ils affirment en effet que des consignes ont été données aux préfets pour qu’un travail de concertation permettant de proposer des solutions d’hébergement soit effectué avec les associations et les élus locaux lors des démantèlements.
Sur le terrain, plus de 1 000 personnes ont été expulsées de leurs lieux de vie en quelques jours. Aucune d’entre elle n’a reçu la moindre proposition d’hébergement comme en témoigne un courrier de Romeurope au premier ministre. (3)
D’ailleurs, comment pourrait-il en être autrement alors que toutes les structures d’hébergement d’urgence sont saturées et que les services du 115 croulent sous les demandes depuis plusieurs mois ?
En ce qui concerne la concertation avec les élus locaux, Martine Aubry elle-même ne décolère pas depuis qu’elle a appris par la presse le démantèlement d’un camp de l'agglomération lilloise alors qu’elle s’emploie depuis plusieurs années à mener une politique d’accompagnement des populations Roms sur son territoire. Bel exemple de concertation … (4)
Alors de deux choses l’une. Soit aucune consigne n’a jamais été donnée aux préfets et cette tribune est mensongère, soit des consignes ont été données et les préfets ne les appliquent pas.
Dans les deux cas, cela montre des dysfonctionnements très graves qui méritent des explications et des corrections.
Enfin, cette tribune souligne que la décision de la Commission européenne de placer la France sous surveillance en raison des conditions dans lesquelles se font les opérations d’expulsions est bien naturelle. Elle précise même que la volonté du gouvernement est d’agir en toute transparence en répondant à toutes les demandes d’information.
Si le gouvernement socialiste souhaite vraiment la transparence, pourquoi ne pas inviter la Commission et les parlementaires européens à visiter les nouveaux camps de fortune dans lesquels se sont réinstallés les Roms après leur expulsion ? Ils sont faciles à trouver. Ils sont souvent situés à quelques centaines de mètres des anciens camps et les conditions de vie y sont encore plus précaires. (5)
Allez, messieurs les élus, ne vous contentez plus de parler ou d’écrire, passez aux actes et invitez donc officiellement des observateurs européens à assister aux expulsions que vous faites réaliser sur vos propres communes. Ils pourront ainsi constater la réalité des traques policières qui s’ensuivent et l’inexistence des propositions de relogement dont vous parlez.
C’est en mettant en accord vos paroles et vos actes que vous grandirez votre parti, pas en stigmatisant à votre tour la minorité ethnique la plus importante et la plus persécutée d’Europe dans l’unique espoir de récolter quelques voix d’électeurs racistes pour conserver vos sièges d’élus locaux.

(1) http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/08/14/le-gouvernement-a-raison-de-demanteler-les-campements-illicites-de-roms_1745996_3232.html
(2) http://www.conseil-etat.fr/fr/communiques-de-presse/campements-illicites-de-roms.html
(3) http://www.romeurope.org/IMG/pdf/CourrierRomeurope-1.pdf
(4) http://www.leparisien.fr/politique/roms-la-colere-de-martine-aubry-contre-manuel-valls-18-08-2012-2129144.php
(5) http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-alain/110812/enfants-roms-lautre-tweet-de-valerie

Un bébé en garde à vue, accusé d'avoir mendié

On croyait avoir tout vu en ce qui concerne les pratiques policières françaises contre les roms. Et bien non, il va falloir se faire une raison. Après les expulsions et les traques qui ont repris de plus belle avec Hollande et Valls (1). Après les cyclistes verbalisés pour pneus lisses (2). Après les enfants violentés, pourchassés et humiliés par la police (3). Voici le bébé de 12 mois enfermé pendant plus de 4 heures, accusé d’avoir mendié.

Les faits se passent en cette fin d’année 2012. Mirela (4), rom originaire de Roumanie, sollicite la générosité des passants afin qu’ils lui donnent quelques pièces qui lui permettront d’acheter de quoi manger pour elle et son enfant. Sa main gauche est tendue, la paume ouverte vers le ciel, sa main droite tient fermement la poussette de son enfant de 12 mois.
Mirela vit dans un “camp”, appellation politiquement correcte pour désigner en réalité, un bidonville qui ressemble aux favelas de Rio ou d’ailleurs. La France est la 5ième puissance économique au monde, mais elle est incapable d’intégrer correctement les 15 000 roms présents sur son territoire dont la moitié sont des enfants. Comme des centaines de familles, Mirela n’a nulle part où aller. Le 115 lui répète inlassablement chaque jour que toutes les places d’hébergement d’urgence sont occupées. Condamnée à rester dans un bidonville avec son enfant, elle doit trouver de l’argent pour survivre et n’a pas les moyens de mettre son bébé à la crèche. Tout le monde pourrait s’en douter.
Tout le monde, sauf nos chers policiers-assistantes-maternelles-la-main-sur-le-cœur qui, outrés par la présence d’un enfant dans la rue, décident de prendre le problème à bras-le-corps et l’enfant sous leurs bras protecteurs. Bien que Mirela ne fasse que tendre la main aux passants, ils trouvent son attitude insupportable et contraire aux lois de la république.
Dans la France de Hollande, Valls et Bauer, un enfant rom dans les bras de sa maman est en effet devenu un danger public. Alors les policiers vont les emmener manu militari au poste où ils vont humilier, insulter et menacer la maman.

On lui demande tout d’abord de présenter ses papiers d’identité ainsi que ceux de son enfant, ce qu’elle fait. La procédure qui suit ne peut donc pas être une vérification d’identité puisque selon l’article 78-3 du code pénal, « La personne qui fait l'objet d'une vérification ne peut être retenue que pendant le temps strictement exigé par l'établissement de son identité ». Alors pour faire bonne figure et justifier les longues heures d’attente que la maman et son bébé vont passer au poste, la police va falsifier la vérité et relater par écrit des faits matériellement impossibles.
Cela ne devrait pas tarder, mais la mendicité n’est pas encore interdite en France socialiste. Un Officier de Police Judiciaire (OPJ) va donc l’accuser, tenez vous bien, d’avoir « organisé la mendicité d’autrui en vue d’en tirer profit », avec cette circonstance aggravante que les faits auraient été commis à l’égard de son enfant de 12 mois. On croit rêver, mais non, c’est bien écrit noir sur blanc.
Un bébé de 1 an, ça pleure, ça rit, ça crie, c’est un trésor que l’on protège et que l’on chérit. On y tient comme à la prunelle de nos yeux, quand il a mal, on a mal, quand il sourit, on est heureux. Et bien non. Selon la police, les roms détestent leurs enfants, ils les haïssent même, au point d’en faire des mendiants, dès l’âge de … 12 mois…
Incroyable, mais vrai, la police français voit vraiment des choses extraordinaire.
L’OPJ qui a rédigé le rappel à la loi aurait dû passer un coup de fil au Guinness des records.
Un bébé roumain de 12 mois, qui marche, tend la main, parle en français et court après les passants pour leur demander de l’argent, si ce n’était pas écrit sur un document officiel de la police, personne n’y croirait, n’est-ce pas ?
Le rappel à la loi qui est donné à Mirela explique que les faits qui lui sont reprochés sont passibles de 5 ans d’emprisonnement et 75 000 € d’amende (article 225-12-6 du code pénal). Elle est également sous la menace d’une interdiction de séjour en France d’au mois 10 ans. (article 225-20 et 21 du même code pénal). Magnanime, l’OPJ va quand même laisser repartir la maman et son enfant plus de 4 heures après leur arrestation, en précisant bien à Mirela qu’elle sera poursuivie devant le tribunal si elle commet une autre infraction dans les 3 ans à venir…

On pourrait penser qu’il s’agit là d’un dérapage de quelques policiers particulièrement zélés, sensibles aux conditions de vie des enfants roms et qui ont raté leur vocation d’assistante sociale. Pas du tout. Ce détournement de la loi afin de traquer, de condamner et d’expulser des familles roms n’est pas nouveau. Il est dans le droit fil de la politique raciste lancée par Sarkozy contre les roms et reprise à leur compte par Hollande et Valls.
Lors de l’été 2011, déjà, des mamans roms qui mendiaient avaient été arrêtées et séparées de leurs enfants plusieurs semaines. A l’époque, c’est la « privation de soins » qui avait été évoquée par les policiers, mais le tribunal de Bobigny avait décider de relaxer les mamans injustement incriminées. (5)
A l’époque, la police se trouva fort dépourvue quand la sentence du tribunal fut venue. Un policier en avait les larmes aux yeux: «Le phénomène n'est pas facile à appréhender. Il existe peu de recours pour protéger ces enfants. Si la privation de soins n'aboutit pas, notre champ d'action se retrouve bien restreint». Le policier assistante maternelle en chef avait prévenu: «Nous n'avons pas l'intention d'abandonner ces enfants. Si la privation de soins ne fonctionne pas, nous trouverons autre chose» (6)

Ouf, nous sommes soulagés, les policiers ont trouvé autre chose: le réseau mafieux de mendicité organisé par la maman qui force son bébé de 12 mois à courir après les passants pour leur extorquer de l'argent… Plus c'est gros, plus ça passe. Après le cancer, la sécurité routière, les violences faites aux femmes, je propose que l’on érige en grande cause nationale la protection des enfants roms et que l’on mette sur le coup tous les policiers de France et de Navarre. Plus sérieusement, au lieu de se prendre pour ce qu’ils ne sont pas et n’ont jamais voulu être, des assistantes maternelles, les policiers et leur hiérarchie feraient mieux de s’occuper de la vraie délinquance qui elle, ne cesse de progresser.
Le gouvernement qui n’a de socialiste que le nom, ferait mieux pour sa part de lutter contre la pauvreté plutôt que de pourchasser les pauvres.
Bébés roms qui êtes nés sous une mauvaise étoile, en ce début d’année traditionnellement consacré aux vœux, la France, le Président Hollande et son bras armé Manuel Valls vous souhaitent une bonne et heureuse année 2013… En Roumanie.

(1) http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-alain/110812/enfants-roms-lautre-tweet-de-valerie
(2) http://www.mediapart.fr/journal/france/261012/roms-le-harcelement-des-policiers-de-lessonne
(3) http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-alain/061012/des-enfants-pourchasses-violentes-et-humilies-par-la-police
(4) le prénom a été changé
(5) http://lci.tf1.fr/france/justice/mendiantes-roumaines-au-tribunal-la-chasse-aux-roms-continue-6808956.html
(6) http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2011/10/25/01016-20111025ARTFIG00350-la-police-face-au-casse-tete-des-enfants-mendiants.php?cmtpage=4

samedi 29 juin 2013

La police gaze des enfants et saccage un camp de roms

Mardi 8 janvier, en fin d’après midi plusieurs dizaines de policiers font une descente dans un des plus grands squats de roms de l’agglomération lyonnaise à Saint-Fons. Tout y est: tenues anti-émeute, casques, boucliers, flash-ball, grenades lacrymogène, taser, chiens d’attaque. Pendant une heure, ils vont gazer les habitants et saccager le bidonville pour se venger.
Un peu plus tôt dans l’après-midi, selon certains roms, des enfants auraient jeté des cailloux sur une voiture de police qui s’était introduite sur le parking du terrain privé qu’ils occupent. Voici donc nos braves policiers en tenue de guerre bien décidés à en découdre avec les enfants.
Les policiers commencent par se retrouver au beau milieu d’un anniversaire. Une petite fille fête ses 3 ans et de nombreux enfants sont présents autour d’une table et d’un grand gâteau. Ils dansent au son de la musique tzigane, vêtus de leurs plus beaux habits. Estimant probablement qu’il s’agit là d’un rituel rom inconnu et dangereux, les policiers donnent des coups de pied dans la table et balayent tout ce qui se trouve dessus : bouteilles de soda, gâteau, tout y passe. L’anniversaire, c’est comme le changement, ce n’est pas pour maintenant.
Les policiers ordonnent ensuite à toutes les personnes présentes de rentrer dans leurs cabanes et commencent à y pénétrer une à une. Il s’ensuit de véritables scènes de guerre. « Même dans les films, on n’a jamais vu ça», souligne un habitant.
Marinella est couchée avec ses enfants lorsque deux policiers casqués rentrent dans sa maison. L’un d’entre eux tient dans sa main un bouclier et dans l’autre une bouteille de gaz lacrymogène qu’il vide en aspergeant l’ensemble de la pièce. La maman va se précipiter sur un linge pour couvrir ses enfants. Elle suffoque, ses enfants, eux, étouffent, impossible de respirer et de rester là. Elle se précipite dehors avec eux. Les policiers sont déjà passés à la cabane suivante.
Roberto, 12 ans, raconte: « un policier est arrivé avec un fusil et une lumière sur le fusil. Il a dit : on va revenir vous casser les couilles tous les soirs. En partant, un autre a mis du gaz avec une bouteille blanche. Ca piquait beaucoup la gorge et les yeux, avec mes frères et sœurs on est tous partis dehors, il y avait plein de policiers en noir avec des casques et des boucliers et aussi des chiens.»
Claudia a 18 ans. Elle tient son bébé de 18 mois dans les bras quand un policier arrive vers elle et l’apostrophe violemment : « Il est où celui qui a jeté des pierres sur la voiture ? » Comme tous les habitants, Claudia n’est absolument pas au courant de ce qui s’est passé quelques heures auparavant. Elle jure qu’elle n’en sait rien. La suite est incroyable: « le policier a pris un bidon remplit d’eau et il l’a jeté sur moi et mon bébé en m'insultant. J’étais toute mouillée ».
Le comportement de la police rappelle ensuite des moments biens sombres de notre histoire. Sandu, est seul dans sa cabane. « J’étais en train de ma laver. Un policer est rentré, quand il m’a vu, il a lancé du gaz lacrymogène à hauteur de mon visage et il a refermé la porte. Quand j’ai voulu sortir, je n’ai pas pu. Il bloquait la porte et m’empêchait de sortir. J’ai cru que j’allais mourir. »
Le terrain de Saint Fons est vaste. Après avoir passé en revue toutes les cabanes, réveillant les personnes qui dorment déjà, insultant celles qui ne dorment pas et gazant une bonne partie d’entre elles, les policiers attaquent l’autre partie du terrain avec une sauvagerie incroyable.
Ils se mettent à casser les vitres de toutes les cabanes, méthodiquement, une à une.
Quand ils arrivent à hauteur d’une voiture, ils cassent la lunette arrière. Sacha, 10 ans raconte : « il y avait un gros projecteur qui éclairait tout. Il y avait du bruit et j’ai regardé par la fenêtre. J’ai vu un policier tout en noir qui cassait la voiture avec son bâton. Ensuite, des policiers ont regardé par la fenêtre avec une lampe. Je me suis vite caché sous les couvertures avec ma maman, j’avais peur. Un policier qui avait un casque a mis du gaz par la fenêtre. On ne pouvait plus respirer. Ma maman voulait sortir, mais j’avais trop peur. On a attendu qu’ils partent. »
Les vengeurs casqués continuent à remonter les cabanes. Des portes sont arrachées, des bâches déchirées. Dans un cabane, le repas du soir qui cuit dans un grosse marmite est violemment jeté par terre par un policier. Dans une autre, un homme qui dort est réveillé par le bruit de la porte qu’un policier vient de fracasser : « j’ai ouvert les yeux et un policier avec un casque m’a mis du gaz sur la figure »

Bilan de l’opération : plusieurs dizaines de personnes gazées dont des enfants traumatisés, une femme aspergée d’eau, (qu’est ce qu’on rigole dans la police…), des vitres de cabanes cassées et des portes arrachées. Avant de partir, les policiers ne peuvent s’empêcher de s’exciter sur les voitures garées sur le parking et cassent les rétroviseurs de plusieurs d’entre elles.

Contactée par des journalistes le lendemain de l’opération punitive, la police donne bien évidemment une version toute différente. Selon un communiqué sorti dans la précipitation, « un équipage de police a été victime de jets de projectiles dont un a brisé la lunette arrière du véhicule et atteint le chauffeur. » Soucieux de couvrir immédiatement ses hommes, le commissaire en personne montre à la télévision un véhicule de police dont la vitre arrière est brisée… à deux endroits… Ouaou… Ils sont forts ces roumains. Un projectile, deux impacts. Ils ont inventé le caillou à fragmentation qui se divise en plusieurs parties lors du jet. A moins que ce ne soit un caillou à tête chercheuse qui est rentré dans le véhicule avant d’en ressortir.
Mais les contradictions de la police ne s’arrêtent pas là. Dans une interview donnée à la télévision, le commissaire affirme que suite à l’agression du caillou à fragmentation et à tête chercheuse, des policiers, confrontés à une « vingtaine, voire une trentaine d’individus hostiles », ont fait usage, « à une reprise du gaz lacrymogène » et « dans la foulée, les équipages se sont repliés et ont terminé leur mission. »
Sauf que le communiqué de presse, lui, dit exactement le contraire : « ils ont été dans l’obligation de faire usage du gaz lacrymogène pour les repousser et poursuivre l’opération. » Alors, après le gazage, partis, pas partis les rambos ? Il faudrait que la police accorde ses violons.
Enfin, le communiqué affirme : « une opération de police a été montée de 18.30 à 19.30 afin d’identifier et d’interpeller les auteurs ». Est-ce que quelqu’un a déjà vu une opération de police sans contrôle d’identité ? Surtout quand il s’agit « d’identifier » des individus. Et bien ce soir là, pas une seule personne sur les 200 que compte le campement n’a été contrôlée. Pas une. Pas une seule interpellation non plus. Mais ce n’était visiblement pas le but.
Selon une source policière qui souhaite rester anonyme, il s’agissait de retrouver un lance-missile, pardon un lance-cailloux, un objet qui aurait pu servir à lancer un projectile… En réalité, il s’agissait surtout d’une expédition punitive pour montrer de quel bois se chauffe notre valeureuse police en cette période hivernale.

Ce n’est pas la première fois que la police gaze des enfants roms à Lyon. En novembre 2010, déjà, des policiers avaient utilisé des gaz lacrymogènes contre un squat, envoyant plusieurs personnes à l’hôpital. Les policiers avaient nié les faits et expliqué qu’ils avaient gazé un chien. Cette fois-ci, le commissaire, la Direction Départementale de la Sûreté Urbaine et le préfet en personne sont montés au créneau pour couvrir les policiers qui se font justice eux-mêmes. Tous ont répétés le même message: la police n’a fait que son travail.
Non, messieurs, le travail de la police n’est pas de se venger d’un jet de caillou contre une voiture en gazant à bout portant plusieurs dizaines de personnes dont des enfants.
Non, messieurs, le travail de la police n’est pas de punir des innocents en saccageant des habitats précaires plongeant ainsi dans un misère encore plus grande des dizaines de personnes dont le seul crime est de vivre sur un terrain vague.
Non messieurs, les roms ne sont pas des chiens, que l’on gaze et que l’on chasse à coups de matraque. Ce sont des êtres humains qui ont le droit de vivre dans la dignité comme vous et moi.
Les dirigeants socialistes et Manuel Valls en particulier portent une très lourde responsabilité dans les dérapages successifs contre la minorité rom. Depuis l’élection de François Hollande, on assiste à des comportements pire encore que sous Nicolas Sarkozy : des traques jour et nuit (1), des enfants humiliés et violentés par la police (2), des bébés en garde à vue (3). La liste est longue. En continuant à stigmatiser les roms, en jetant cette population à la vindicte populaire et en couvrant de tels agissements de la part de policiers qui sont censés faire respecter la loi et non la violer, le gouvernement ouvre la porte à des actes beaucoup plus graves. Un vague de racisme sans précédent se développe actuellement en France contre les roms. On se rend compte à travers ce dérapage révoltant qu’elle touche également très largement la police.
Valls, qui rêve d’effectuer le même parcours que Sarkozy emprunte les mêmes chemins nauséabonds et racistes qui ne le mèneront nulle part.
Les roms ont toujours été les boucs-émissaires idéaux pour détourner l’attention des peuples et leur faire oublier l’impuissance de ceux qui nous gouvernent à juguler les crises économiques. En Allemagne, dans les années 1940, déjà, on gazait les roms. C'était dans les chambre à gaz des camps de concentration.

(1) http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-alain/110812/enfants-roms-lautre-tweet-de-valerie
(2) http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-alain/061012/des-enfants-pourchasses-violentes-et-humilies-par-la-police
(3) http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-alain/050113/un-bebe-en-garde-vue-accuse-d-avoir-mendie

Les cathos, ces nouveaux délinquants qui menacent la démocratie



Dormez tranquilles citoyens, Manuel Valls veille au grain. Que tous ceux qui s’inquiètent de la montée de la délinquance se rendorment, la police traque jour et nuit ces nouveaux délinquants qui menacent la république socialiste: les cathos.

Saint-Cyr au Mont d’Or est une petite commune de la banlieue lyonnaise. Elle accueille l’Ecole Nationale Supérieure de la Police qui forme les commissaires et les officiers de police. Lundi 21 juin 2013, Manuel Valls et Jean-Marc Ayrault participent à la cérémonie officielle de remise des diplômes de la 63ième promotion en présence du préfet de région Jean-François Carenco.
Comme il était de coutume sous le règne de Sarkozy, Valls fait boucler le périmètre. Les habitants ne sont pas autorisés à se rendre sur le lieu de la cérémonie et les forces de l’ordre quadrillent le secteur. Parmi les invités triés sur le volet figure l’Abbé Pirrodon, le curé du village.
Alors que la cérémonie se déroule tranquillement, le curé reçoit plusieurs SMS sur son téléphone portable l’informant que des paroissiens sont retenus ou contrôlés par les forces de l’ordre.

Prier dans une église représente une menace à l’ordre public

Quelques paroissiens qui souhaitent manifester leur opposition à l’emprisonnement d’un militant contre le mariage homosexuel sont bloqués à l’intérieur de la poste du village. Jusque là, rien d’extraordinaire. La France manque de places en prison, on réquisitionne la poste pour empêcher de dangereux extrémistes catholiques armés de poussettes et d’enfants de s’exprimer, pourquoi pas.
Mais là où le sang du curé ne va faire qu’un tour, c’est quand il reçoit un message lui indiquant que tous les paroissiens qui sortent de son église font l’objet d’un contrôle et d’un relevé d’identité.

Normalement, en France démocratique, le contrôle d’identité est encadré par la loi. Un gendarme ou un fonctionnaire de police ne peut pas vous demander de décliner votre identité sans un motif précis. (1) Un contrôle d’identité peut avoir pour objet de prévenir les atteintes à l’ordre public ou s’il existe des indices permettant de penser qu’un individu se prépare à commettre une infraction, un délit ou un crime.
Aujourd’hui, en France socialiste, le simple fait de sortir d’une église est devenu une raison suffisante pour penser qu’on s’apprête à troubler l’ordre public ou a commettre un délit. C’est ahurissant, mais c’est comme ça.
On ne les avait pas habitués au contrôle au faciès les habitants de Saint-Cyr au Mont d’Or. Ici, les Roms, les arabes et les noirs sont  rares. Alors, le curé, choqué par ces méthodes peu démocratiques et peu respectueuses de la loi décide de s’en ouvrir à son maire.


Le préfet à deux doigts de frapper le curé

A la fin de la cérémonie, l’Abbé Pirrodon interpelle donc le maire:
« Alors que nous mangeons des petits fours, mes paroissiens sont retenus par la police. », s’exclame-t-il
Manuel Valls lui-même s’interpose: « Calmez-vous monsieur »

Le préfet du Rhône, Jean-François Carenco, confondant probablement la robe de l’Abbé avec la burqa d’un dangereux terroriste, se jette sur l’homme d’église et se rendant finalement compte de sa méprise, lui assène:

« Si vous n’étiez pas curé, je vous mettrais deux baffes. »

En guise de baffes, le père Pirrodon se fait embarquer au poste de police.

Cet épisode, un de plus dans la guerre que livre le gouvernement socialiste contre les opposants aux mariage homosexuel est révélateur du détournement de moyens auxquels on assiste depuis plusieurs semaines. La police n’est plus là pour protéger les personnes et les biens. Sa principale mission est devenue la protection des personnalités du gouvernement.
L’usage du gaz lacrymogène contre des femmes, des enfants ou des manifestants n’est plus l’apanage des dictatures, c’est aussi devenu une réponse politique à des opposants pacifiques comme peuvent en témoigner ces quelques personnes venues chanter au petit matin sous les fenêtre de Valls : (2)



Après les Roms, les musulmans, les cathos, demain, à qui le tour ?

Vouloir résumer l’opposition au mariage homosexuel à quelques militants violents d’extrême droite est une profonde erreur. Tous ceux qui se réjouissent de la répression qui s’abat sur les opposants à la loi Taubira devraient se rappeler que cette même répression policière les frappait il n’y a pas si longtemps, par exemple à Lyon, lors des manifestations contre le réforme des retraites. (3) Le gouvernement a certes changé, mais la politique, elle, reste la même. Militants de gauche, votre tour reviendra, n’en doutez pas.


Pour gouverner, Sarkozy dressait les français contre les gens du voyage, contre les musulmans, contre les fonctionnaires. On a eu droit au discours de Grenoble contre les Roms, au débat sur la nationalité contre les musulmans.
Les socialistes qui ont fait de Valls leur porte-drapeau et leur maître à penser continuent sur le même chemin: répression toujours plus féroce contre les Roms, traque aux terroristes islamistes imaginaires et maintenant chasse aux cathos qui sortent des églises.

Le sarkozysme consistait à dresser des catégories de français contre d’autres français. Le socialisme, c’est le contraire.

PHILIPPE ALAIN