Sous prétexte de renforcer les mesures contre le terrorisme,
le gouvernement Macron s'apprête à faire passer dans la loi les principales
mesures d'exception de l'état d'urgence. En l'absence de tout contrôle
judiciaire chaque préfet aura désormais le droit de perquisitionner ou
d'assigner à résidence tout citoyen qui le dérange.
L'état d'urgence a été instauré par le gouvernement Valls le
14 novembre 2015 suite à l'attentat du Bataclan. Prolongé systématiquement
depuis cette date, il permet en particulier au préfet, sans aucun contrôle du
juge, de procéder à des perquisitions, d'assigner à résidence mais aussi de
fermer des sites Internet, d'interdire des manifestations, de dissoudre des
associations... Bref toute la panoplie de la parfaite petite dictature digne de
la Corée du Nord.
Les médias tout puissants, relais officiels de la propagande
d'Etat, nous ont longtemps expliqué qu'il s'agissait de mesures provisoires
visant à lutter contre le terrorisme. Ah bon ?
Prenons les assignations à résidence par exemple. Cette
mesure permet aux préfets d'assigner à résidence toute personne: "dont
son comportement constitue une menace pour la sécurité et l'ordre public".
Et comment le préfet sait-il qu'une personne constitue une menace pour la
sécurité et l'ordre public ? Une boule de cristal ? Bingo, presque.
Généralement le préfet est informé par une note blanche des service de
renseignements, notre Stasi bleu-blanc-rouge.
La note blanche ne possède pas d'en-tête, elle n'est pas
datée, pas signée et ne comporte même pas de référence. Depuis le décret royal,
on n'a pas trouvé mieux pour décider du sort d'un citoyen en le privant de
toute liberté.
Alors vous vous dites, quel outil fantastique contre les
candidats terroristes dont on soupçonne qu'ils pourraient un jour passer à
l'acte mais dont on n'est pas sûr... Dans le doute aller hop, on les assigne
tous.
Le premier problème c'est que l'assignation à résidence ne
garantit en rien que la personne ne passera pas à l'acte. il suffit juste pour
cela qu'elle ne rende pas à son contrôle judiciaire et qu'elle disparaisse dans
la nature.
Le second problème c'est que l'assignation à résidence n'est
pas utilisée uniquement contre les terroristes. Elle est également utilisée
contre les opposants politiques comme les militants écologistes qui ont été
perquisitionnés et assignés à résidence juste avant la COP 21 en novembre 2015.
Si on se souvient des interdictions de manifester qui
touchaient les manifestants contre la loi travail quand ce n'étaient pas les
manifestations elles-mêmes qui étaient interdites, on commence à comprendre le
véritable objectif de tout cela.
Une des premières mesures du gouvernement Macron consiste à
casser définitivement le code du travail en allant encore plus loin que la loi
El-Khomri. Même le PS ou du moins ce qu'il en reste s'en indigne, c'est pour
dire.
Et bien demain, Niet, Nada, Verboten. On nous interdira de
manifester contre la loi travail au nom du risque de trouble à l'ordre public.
Ca y est, vous avez compris ?
Vous avez encore un doute sur le caractère liberticide de ce
projet de loi ? Et bien lisez l'article L228-4 qui indique que « le
ministre de l’intérieur peut, après en avoir informé le procureur de la
République de Paris faire obligation à toute (personne ciblée par l’autorité
administrative) de déclarer
ses identifiants de tout moyen de communication électronique dont elle dispose
ou qu’elle utilise, ainsi que tout changement d’identifiant ou tout nouvel
identifiant ».
Quoi ? Comment ? Un préfet peut vous obliger à déclarer vos
identifiants Internet comme ça ? Simplement parce qu'il a des raisons de penser
que, peut-être, votre comportement peut présenter une menace pour l'ordre
public ? Et oui, vous avez maintenant tout compris. La France, patrie autoproclamée
des droits de l'homme va devenir la patrie des non droits de l'homme. Qui que
vous soyez, où que vous soyez Big Brother vous suivra à la trace et saura tout
sur vous. Ils auront accès à votre boîte mail, votre compte Twitter, votre
compte Facebook...
Alors bien sur, quelques personnes ont vu l'escroquerie qui
se profile et commencent à se manifester. L'Union Syndicale des Magistrats par
exemple vient de publier un communiqué de presse dans lequel elle dénonce la
mise en place d'un "Etat policier". (1)
Elle souligne en particulier l'absence de tout contrôle par
les juges et conclue que: "dans
un Etat démocratique, sortir de
l’état d'urgence ne signifie pas
introduire dans le droit commun des mesures
d'exceptions et exclure le contrôle de l'autorité judiciaire."
La Ligue des Droits de l'Homme, elle, rappelle que "loin
de ne concerner que les actes de terrorisme, ces mesures s'appliqueraient
indifféremment à une large gamme de délits. Chacun pourrait alors être victime
de cet arbitraire. Aujourd'hui déjà, nous voyons des dispositions inscrites
dans l'état d'urgence utilisées contre des militants associatifs, syndicaux ou
politiques." (2)
L'indifférence générale des Français devant ces mesures
liberticides en dit long sur l'état de notre pays. Dans l'ère assumée du chacun
pour soi, la plupart des sujets du Roi Macron se disent que cela ne les
concerne pas et ne les concernera jamais. L'égoïsme de chacun est aujourd'hui
devenu officiellement l'un des principaux piliers de notre démocratie
moribonde.
Le 21 décembre 2016, à l'occasion d'une nième prolongation
de l'état d'urgence, la France a écrit au Conseil de l'Europe pour le prévenir
qu'elle allait continuer à violer la Convention Européenne des Droits de
l'Homme en raison de la "persistance de la menace terroriste".
Avec l'Ukraine et la Turquie, la France est le 3ème pays qui déroge ainsi à la
CEDH.
Demain, la loi permettra donc de mettre en oeuvre des
mesures de violation des libertés fondamentales contre toute personne
"à
l'égard de laquelle il existe des raisons sérieuses de penser que son
comportement constitue une menace pour la sécurité et l'ordre publics",
c'est-à-dire vous ou moi pour peu qu'on ne la ferme pas suffisamment.
Après chaque attentat, on nous explique pourtant que c'est
notre mode de vie que les terroristes veulent détruire, nos valeurs et surtout
notre liberté. Avec cette loi Macron liberticide, la victoire des terroristes
sera totale. Au nom de la préservation de nos libertés, on nous prive de nos
libertés publiques et individuelles. Elle est pas belle l'hypocrisie de nos
dirigeants ?
Dimanche, la France va voter pour donner à Macron une
majorité afin de mettre en oeuvre ses projets de saccage de nos libertés
fondamentales. Dans quelques mois, ce sera la gueule de bois quand
ils se rendront compte qu'à défaut d'une République en marche, c'est une
Dictature en marche qu'ils viennent de porter au pouvoir.
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