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C'est un fait sans précédent qui en dit long sur l'état de
déliquescence d'un monde dont les pays et les organisations internationales
sont contrôlés par des dirigeants lâches et corrompus. Alors qu'il venait de publier
un rapport mettant en cause la coalition menée par l'Arabie Saoudite pour sa
responsabilité dans la mort de centaines d'enfants au Yémen, le secrétaire
général de l'ONU fait soudainement volte-face et retire l'Arabie Saoudite de
la liste.
Des faits établis et recoupés
Le Yémen est un pays de 24 millions d'habitants qui, pour
son plus grand malheur, est en proie à une guerre civile depuis 2014. Un
malheur n'arrivant jamais seul, ce pays est situé à la frontière sud de
l'Arabie Saoudite qui est bien décidée à ne surtout pas laisser arriver au
pouvoir des chiites soutenus par l'Iran.
Le 25 mars 2015, en bon élève de l'Amérique, l'Arabie
Saoudite déclenche l'opération "tempête décisive". A la tête d'une
coalition d'une dizaine de pays arabes, l'armée saoudienne bombarde plusieurs
aéroports ainsi que la capitale Sanaa. Depuis cette date, le conflit s'étend et
les combats touchent la totalité du pays. Fidèle à son maître américain,
l'Arabie Saoudite multiplie les frappes aériennes, quitte à utiliser des bombes
à munitions, pourtant interdites par le droit international. Des hôpitaux, mais
aussi des écoles sont touchés par les bombardements. Cette guerre a fait plus
de 3 000 victimes civiles parmi lesquelles plus de 700 enfants, soit plus que les victimes de Gaza en 2014.
Dans son rapport annuel sur le sort des enfants dans les
conflits armés (1), le secrétaire général des Nations-Unies, Monsieur Ban
Ki-Moon écrit: "L’ONU a établi
que le nombre d’enfants tués et blessés avait sextuplé par rapport à 2014, avec
un total de 1 953 victimes (785 enfants tués et 1 168 blessés). Plus de 70 %
étaient des garçons."
L'ONU et son
secrétaire général mettent précisément en cause les responsables: "
Soixante pour cent des victimes (510 morts et 667 blessés) ont été imputées à
la coalition dirigée par l’Arabie saoudite et 20 % (142 morts et 247 blessés)
aux houthistes. Dans 324 cas, il n’a pas été possible d’identifier la partie
responsable."
On peut difficilement être plus précis. D'ailleurs, dans
l'introduction du rapport, il est écrit: "L’Organisation des Nations Unies a vérifié
l’exactitude de toutes les informations consignées dans le présent rapport et
ses annexes... Le présent rapport et ses annexes sont le fruit de vastes
consultations menées au sein du système des Nations Unies, au Siège et sur le
terrain, et avec les États Membres concernés."
En résumé, l'ONU a enquêté, vérifié, recoupé et établi que
la coalition dirigée par l'Arabie Saoudite, ce grand défenseur des droits de
l'homme qui coupe les têtes et lapide les femmes, est directement responsable
de la mort de 510 enfants au Yémen.
Dans l'annexe I du rapport, figure donc une liste:
"
Liste des parties recrutant, utilisant, tuant, mutilant ou enlevant des
enfants, les violant ou commettant d’autres formes de violences sexuelles à
leur encontre, ou attaquant des écoles ou des hôpitaux dans des situations de
conflit armé dont le Conseil de sécurité est saisi."
Et dans cette liste, à la rubrique "Yémen"
figurent: le mouvement houthiste, les forces gouvernementales, Al-Quaïda et... "La
coalition dirigée par l'Arabie Saoudite"
Une volte-face inédite et surréaliste:
A peine le rapport de l'ONU sorti, les dirigeants Saoudiens,
grands défenseurs des droits de l'homme devant l'Eternel, font chauffer leurs
téléphones. Quoi ? Comment ? Nous on ne tue pas les enfants, on les aime, on
les adore. Il n'y a qu'à venir voir comment on les traite chez nous. Surtout
ceux qui volent et dont on coupe les mains. Alors vous allez enlever
immédiatement notre nom de cette liste ou vous allez voir de quel bois on se
chauffe.
C'est Ban Ki-Moon lui même qui avoue en pleurnichant avoir
agit sous la pression des monarques enturbannés: « La décision de
retirer la coalition de la liste noire a été l’une des plus douloureuses et
difficiles que je n’aie jamais prises », s’est-il justifié au cours
d’une conférence de presse.
Ah bon, mais pourquoi avoir retiré l'Arabie Saoudite de la
liste alors ? Et bien tout simplement parce qu'on lui a fait un chantage:
« J’ai aussi dû tenir compte de la perspective très
réelle de voir des millions d'autres enfants souffrir gravement si, comme cela
m'a été suggéré, certains pays supprimaient des financements à plusieurs
programmes de l'ONU. Il y a des enfants déjà vulnérables en Palestine, au Soudan
du Sud, en Syrie, au Yémen. Il est inacceptable pour des Etats membres
d'exercer des pressions injustifiées »
En d'autres termes, les Saoudiens lui ont dit, soit tu
retires notre nom, soit on te coupe la tête. Non, on déconne, soit on te coupe
les vivres.
On arrive donc à une situation surréaliste où le secrétaire
générale de l'ONU vient nous expliquer que pour le bien de certains enfants, il
décide de ne pas mentionner le nom du bourreau d'autres enfants, tout
simplement parce que ce bourreau est un gros enculé, pardon, un gros financeur.
Exactement comme si un état renonçait à juger un terroriste sous
prétexte qu'il a placé beaucoup d'argent chez lui.
Quoi ? Comment ? C'est déjà le cas ?
Un chantage à 750 milliards de dollars
Au Etats-Unis, un projet de loi est en préparation qui
permettrait aux familles des victimes du 11 septembre de traîner devant les
tribunaux les dirigeants de l'Arabie Saoudite afin de d'obtenir des dommages et
intérêts. (2)
Pour ceux qui l'ignorent encore, 15 des 19 terroristes
impliqués dans les attentats du 11 septembre étaient ressortissants d'Arabie
Saoudite. Pour ceux qui l'ignorent encore, l'Arabie Saoudite a largement
contribué au financement d'Al-Quaïda. Enfin, pour ceux qui ne savent ni lire,
ni écrire et qui n'ont jamais entendu parler du 11 septembre, 28 pages du
rapport rédigé par les autorités américaines suite aux attentats sont classées
et n'ont jamais été publiées car elle mettent en cause l'Arabie Saoudite dans
le financement et l'organisation des attentats.
Dans l'émission "60 minutes" de CBS (3), Bob
Graham, un ex-sénateur ayant pu lire les pages confidentielles confirme toutes
ces informations.
A peine ce projet de loi connu, les dirigeants saoudiens ont
immédiatement sorti l'artillerie lourde et ils ont dit en substance aux
américains: attention, si vous sortez cette loi permettant à votre justice de
demander des comptes à nos dirigeants, nous retirons tous nos avoir chez vous,
soit environ 750 milliards de dollars...
Immédiatement, Barak Obama s'est déclaré opposé à ce projet
de loi.
Finalement le terrorisme arrange tout le monde
Au nom de la lutte anti-terroriste, les Américains sont donc
capables d'envahir des pays, de massacrer des centaines de milliers de
personnes. Ils sont aussi capables de créer des zones de non-droit pour y
enfermer sans jugement des personnes qui n'ont jamais commis un seul attentat.
Au nom de la lutte anti-terroriste, la France met sur écoute toute sa
population, elle institutionnalise l'état d'urgence, mais elle est aussi
capable de bombarder des pays souverains en y tuant, elle aussi des enfants
(4). Au nom de la protection des enfants, l'ONU, sous la signature de son
secrétaire général publie un rapport accablant pour ceux qui tuent ou mutilent
des enfants.
Mais au nom du réalisme politique, les Américains renoncent
à publier un rapport qui met en cause l'Arabie Saoudite dans les attentats du
11 septembre. Mais au nom du réalisme politique, la France offre la légion
d'honneur aux dirigeants Saoudiens (5). Mais au nom du réalisme politique,
l'ONU enlève de sa liste noire des pays tueurs d'enfants l'Arabie Saoudite.
C'est du vraiment du réalisme ? Ne serait-ce pas plutôt de la lâcheté ou de la
corruption ?
Qui finance l'Arabie Saoudite ? Les pays occidentaux qui lui
achètent du pétrole.
Qui arme l'Arabie Saoudite ? Les pays occidentaux au
premiers rangs desquels l'Amérique et la France qui lui vendent des armes.
Il est clair aujourd'hui que la menace terroriste est
entretenue pour maintenir les peuples dans la peur et leur imposer une
restriction de leurs libertés sans précédent. Il est clair également que la
menace terroriste permet aux puissances coloniales d'envahir des pays
souverains, d'y semer la terreur et le chaos afin de s'approprier leurs
ressources.
Les pilotes Saoudiens du 11 septembre, les prisonniers de
Guanatanamo, les Merah, Coulibaly ou Salah, tous ces terroristes en herbe ne
sont que la face visible d'une organisation beaucoup plus importante et
beaucoup plus puissante qui gère le terrorisme à l'échelle mondiale mais que
personne, pas même l'ONU n'ose mettre en cause.
Alors de deux choses l'une. Soit c'est l'Arabie Saoudite et
son régime qui compte parmi les plus sanguinaires de la planète qui gouverne le
monde avec ses pétrodollars. Soit la vague terroriste sans précédent que nous
connaissons depuis 15 ans arrange bien nos dirigeants et en aucun cas, ils ne
veulent punir le vrai coupable qu'ils connaissent parfaitement.
A bien y réfléchir, les deux ne sont pas vraiment
incompatibles.
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