© AFP Issouf Sanogo
Des enquêteurs de l'UNICEF (United Nations Children's Fund)
viennent une nouvelle fois de recueillir les témoignages d'une centaine
d'enfants originaires de la République Centrafricaine qui affirment avoir été
violés par des soldats censés les protéger parmi lesquels des soldats français
de l'opération Sangaris.
Trois jeunes filles expliquent notamment avoir été
"ligotées et dénudées" à l'intérieur d'un camp militaire par un
officier français puis "forcées à avoir des relations sexuelles avec un
chien". (1)
Ces accusations abominables contre l'armée française ne sont
malheureusement pas les premières.
En février 2016, l'ONU signale que des soldats français sont
accusés d'avoir obligé deux enfants à pratiquer des fellations contre de l'eau
et des biscuits.
En avril 2015, The Guardian publie un rapport de l'ONU resté
jusque-là confidentiel qui dénonce des faits de viols commis à Bangui entre
décembre 2013 et juin 2014 par une quinzaine de soldats français. (2) Le
rapport détaille les viols et les sodomies pratiquées sur des enfants sans-abri
et affamés en échange de nourriture. Le plus jeune a 9 ans...
En 2015, une première sanction tombe.
Rassurez-vous, elle ne concerne pas nos vaillants soldats
violeurs d’enfants affamés. La seconde victime de cette affaire, après les
enfants, s’appelle Anders Kompass. Directeur des opérations de terrain au Haut
Commissariat aux Droits de l’Homme de l’ONU.
Légitimement scandalisé par les faits et voyant que rien
n’avance, il transmet le rapport de l’ONU à la justice française en juillet
2014. En mars 2015, constatant que la justice française étouffe l’affaire, il
diffuse le rapport confidentiel.
Cadre à l’ONU depuis 30 ans, M. Kompass est purement et
simplement suspendu. On lui reproche officiellement d’avoir mis en danger les
enfants violés en divulguant leur nom. On croit rêver.
Les militaires violeurs eux, sont toujours en fonction dans
l’armée française, au contact de milliers d’enfant mais cela n’empêche
apparemment personne de dormir et surtout pas notre vaillant ministre de la
défense Le Drian, cumulard qui passe son temps dans les transports entre Paris
et sa chère région Bretagne. Non seulement Le Drian dort bien, mais en plus il
rêve: « si un soldat est coupable, il doit se dénoncer… »
déclare-t-il le 3 mai 2015.
Du côté de chez Hollande
En avril 2015, Dominique Hollande déclare d'un ton martial:
« Si certains militaires se sont mal comportés, je serai implacable» (3) La
rhétorique de Hollande, chef des armées est un très mauvais signal envoyé aux
victimes mais aussi à toute l’armée. Il refuse de parler de crime et se
contente d’évoquer des soldats qui se seraient « mal comportés ».
Suite aux nouvelles révélations de mars 2016 impliquant des
soldats français, Hollande remet le couvert: "c'est l'honneur de toute la
France qui serait engagé... On ne peut pas et je ne peux pas accepter qu'il y
ait la moindre tache sur la réputation de nos armées, c'est-à-dire de la
France." Avant de conclure... "nos armées ont fait un travail
remarquable en Centrafrique"...
Pas sur que les dizaines d'enfants violés par les soldats
français, valeureux représentants de la morale française, soient du même avis
que Hollande.
Alors que Paris, promet "de faire toute la
lumière", du côté de l'ONU, on est un peu plus clair. Stéphane Dujarric,
le porte-parole de l'ONU déclare: « Nous sommes confrontés au fait que des
soldats envoyés pour protéger les habitants ont au contraire plongé au cœur des
ténèbres »
Parce que la lumière, quand c'est la France qui se charge de
l'établir au sujet des crimes de ses propres militaires, on l'attend toujours.
En 1994, déjà, au Rwanda, des soldats français sont accusés
de viol sur des femmes lors du génocide. Une femme témoigne: "Un des trois
militaires m’a brisé l’auriculaire, m’a jetée sur le lit et m’a violée.
Quand le premier a eu fini, l’autre m’a violée aussi. Le troisième
assistait, il ne semblait pas intéressé, alors que je criais.... ».
Vous avez entendu parler de sanctions contre les militaires
français ? Moi non plus. C’était il y a 20 ans. L’enquête est toujours en cours
apparemment … (4)
Fin juillet 2014, lorsque l'ONU transmet le rapport
concernant les viols par ses soldats, la France ouvre une « enquête préliminaire ».
Une procédure réservée normalement aux contraventions ou aux délits. Dans
l’enquête préliminaire, si vous voulez menez une perquisition chez quelqu’un,
il faut obligatoirement son accord. Les militaires en rigolent encore.
Le viol est un crime. Lorsqu’un crime est commis on ouvre
obligatoirement une enquête judiciaire menée par un juge d’instruction. Jamais
une enquête préliminaire.
Mais violer un petit noir, en France, ce n'est apparemment
pas commettre un crime. C'est plutôt "mal se comporter", comme
Hollande, chef des armées, aime à le dire.
Ce n'est qu'un an plus tard que la France se décide enfin à
ouvrir une information judiciaire.
La dernière blague chez les soldats
En attendant, les militaires français violeurs qui savent
parfaitement qu'ils ne sont pas près d'être inquiétés se marrent bien. Il
paraît que la dernière blague qui court chez nos soldats héroïques qui portent
bien haut les valeurs de la République Socialiste Française est plutôt salée.
Ou sucrée, plus exactement.
Un officier de la force française Sangaris en République
Centrafricaine vient prendre un café au mess des officiers après une longue et
dure ... journée.
- Je vous sers un ptit noir, bouana ?
- Avec plaisir, mettez m’en un bien serré, c’est plus
agréable.
Nos tombes valent plus que leurs enfants
En France, si vous violez une tombe dans un cimetière vous
aurez immédiatement tous les médias, les ministres et les politiques de tous
bords qui seront absolument scandalisés: "acte ignoble et
antisémite", " insulte à la mémoire", "condamnation avec la
plus grande fermeté", "acte odieux".
En revanche, si vous violez un enfant noir dans un camp
militaire, personne ne vous inquiétera. Le chef de l'état, chef des armées,
parlera de "mauvais comportement". Pire, on tentera de vous couvrir
et d'enterrer l'affaire en mettant plus d'un an à nommer un juge d’instruction.
La France, pays autoproclamé des droits de l'homme, protège
mieux les tombes blanches immaculées de ses cimetières que les enfants noirs
souillés des bidonvilles d'Afrique.
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