Arnaud Beltrame,
porte-drapeau à l'École militaire InterArmes dans le Morbihan,
© ESCC/Dircom
Vendredi 23 mars 2018, le terrorisme a frappé une nouvelle
fois notre sol, ajoutant 4 victimes supplémentaires aux 241 personnes
assassinées depuis janvier 2015 par des fanatiques se réclamant de l'Etat
Islamique.
Fichés S
Après Charlie Hebdo, l'hyper casher, le Bataclan, Nice...
rien ne change. Comme beaucoup d'autres, Radouane Lakdim était connu des
services de police. Arrêté en 2010 pour des faits de violences, condamné à un
mois avec sursis pour port d'arme prohibée en 2011, fiché S depuis 2014,
condamné à un mois d'emprisonnement en 2015 pour usage de stupéfiants et refus
d'obtempérer. En 2016 et en 2017, il était surveillé par les services de
renseignements, mais la surveillance a été levée, faute de "signes
laissant présager un passage à l'acte".
Environ 15 000 personnes sont fichées S pour radicalisation
(1). Depuis 2014, 19 personnes fichées S sont passés à l'acte en France ou
en Belgique. Parmi les fichés S on retrouve Mohammed Merah, les frères
Kouachi, Salah Abdesslam, Radouane Lakdim... Le fait d'être fiché S n'a
empêché aucun d'entre eux de passer à l'acte.
Le passage à l'acte, c'est bien cela le problème. Une fois
de plus, les officiels nous expliquent qu'ils ont fait tout ce qu'il fallait,
que l'assassin était surveillé, mais que rien ne permettait de penser qu'il
allait passer à l'acte. La déclaration du procureur de la République, François
Molins est un modèle du genre: "il faisait l'objet d'un suivi effectif de
la part de services de renseignements, suivi qui n'avait permis de mettre en
évidence aucun signe précurseur pouvant laisser présager un passage à l'acte terroriste".
Voilà, c'est la faute à pas de chance, circulez,
y'a rien à voir. Non mais qu'est ce qu'ils espèrent ? Un coup de fil ? Un SMS ?
"Allo ?, bonjour, je suis un suspect islamiste fiché S, je viens de me
radicaliser, je vais passer à l'acte. A tout de suite."
L'incompétence de nos dirigeants
En déplacement à Bruxelles lors de la prise d'otages,
Macron, Président de la République Française, se transforme en commentateur en
nous expliquant qu'il n'a jamais caché que la menace terroriste était élevée
parce qu'il y a une menace "endogène" avec des individus qui "se
sont radicalisés eux-mêmes". (2) On atteint le summum de l'incompétence et
de l'irresponsabilité. Le Président de la République lui-même n'est plus un
acteur, c'est devenu un simple commentateur télé impuissant qui décrit les
évènements.
Que de dire de Manuel Valls, qui avant lui, nous expliquait
à chaque attentat qu'il y en aurait d'autres et qu'il fallait s'habituer à
vivre avec la menace terroriste.
Ce gouvernement, comme les précédents, s'accommode
parfaitement des attentats terroristes. Comme les précédents, il venait
pourtant d'adopter une nouvelle loi antiterroriste. Le 30 octobre 2017, Macron
signait avec la mise en scène habituelle la dernière loi antiterroriste censée
prendre le relais de l'état d'urgence: "Cette loi nous permettra de sortir
de l'état d'urgence à compter du 1er novembre tout en assurant pleinement la
sécurité de nos concitoyens". Bon, eh bien c'est raté on dirait.
Les terroristes qui nous assassinent sont des lâches. Massacrer
à bout portant des civils désarmés est à la portée de n’importe quel
psychopathe cocaïné. Ceux qui nous dirigent sont aussi des lâches. Ils jouent
avec la vie de leur concitoyens, confortablement assis derrière leurs bureaux
et leurs domiciles ultra-protégés. Incapables d’empêcher des fous meurtriers de
nous assassiner.
Accueillir les terroristes ou les buter jusque dans les
chiottes
Autres pays, autres moeurs. En 1999, suite aux attentats de
Moscou attribués à des Tchétchènes, Vladmimir Poutine déclare: "nous
poursuivront les terroristes partout, même dans les toilettes s'il le faut. On
les butera dans les chiottes. Voilà, la question est close".
Le 25 mars 2018, 2 jours après la prise d'otages, Christophe
Castaner, secrétaire général du parti de Macron, ancien porte parole du
gouvernement déclare: "258 adultes Français sont en Syrie et susceptibles
de revenir. Il vaut mieux les accueillir, les suivre, les emprisonner lorsque
des actes criminels ont été commis, pour faire en sorte que l'on puisse identifier
le risque"
Un dirigeant veut buter les terroristes jusque dans les
chiottes, l'autre veux les accueillir pour identifier le risque... Cherchez
l'erreur. Il parait qu'on a les dirigeants qu'on mérite.
Combien de Merah, de Kouachi, de Lakdim dans les cités ?
D'après le Ministre de l'intérieur Gérard Collomb,
l'égorgeur Lakdim était un petit délinquant qui s'est radicalisé. Mais combien
de petits délinquants susceptibles de se radicaliser comptent les innombrables
cités françaises où même la police n'ose plus rentrer ?
Et comment peut-on croire un instant que ces gens là sont
surveillés afin de les empêcher de commettre des attentats alors même que les
pouvoirs publics sont incapables de les empêcher de vendre simplement de la
drogue ?
La vérité c'est que personne ne sait combien ils sont, ce
qu'ils préparent et quand ils vont frapper. La vérité, c'est que personne n'est
capable de prévenir la radicalisation et le passage à l'acte d'un petit
délinquant. La vérité, c'est que Macron et ce gouvernement, comme tous les
autres avant eux, sont incapables d'assurer la première mission qui leur
incombe: celle de protéger la vie des citoyens.
Ils égorgent nos fils et nos compagnes
Dans les heures qui suivirent le drame, les médias sont
restés flous sur les causes de la mort du gendarme qui a échangé sa vie contre
celle d'une otage. Le lendemain, un compte twitter (@entrevoixnues) a publié un
message à l'attention de Gérard Collomb et affirmé que le gendarme avait été
"égorgé". Le compte a été immédiatement suspendu.
Il faudra attendre 48 heures pour que quelques rares médias
osent en parler. Ainsi, dans Le Parisien du 25 mars on a confirmation que, "l’autopsie réalisée sur le corps de l’officier
de gendarmerie a révélé des lésions mortelles à l’arme blanche au niveau du
cou, selon des sources concordantes."
Que de précautions pour
éviter de troubler encore plus l'opinion publique: le lieutenant-colonel Arnaud
Beltrame est mort égorgé. Oui, égorgé.
Alors chuuut... chuuuut, il
ne faut pas en parler. On va juste parler de son courage admirable, de son
héroïsme, des valeurs qu'il incarne, de la République, mais s'il vous plait,
chuuut, on ne va pas parler des circonstances de sa mort.
Pourquoi ? et bien parce
qu'il est insoutenable de nous expliquer que d'un côté Arnaud Beltrame, dans
son origine, dans son parcours, dans son activité professionnelle symbolisait
parfaitement la République Française et ses valeurs.
Et que dans le même temps, il
est mort égorgé, exactement comme cette strophe prémonitoire de la Marseillaise
qu'il incarnait tant:
"Entendez-vous dans nos
campagnes, Mugir ces féroces soldats ? Ils viennent jusque dans nos bras,
Egorger nos fils et nos compagnes ?"
Vous connaissez la suite ? Si
vous ne la connaissez pas, relisez la Marseillaise.
Aujourd'hui, attentat après
attentat, ce ne sont pas seulement des citoyens innocents qu'ils assassinent,
c'est la République. Et ce n'est pas l'incompétence criminelle de nos
dirigeants qui va les arrêter.