(©Jean-Philippe Ksiazek)
Samedi après-midi à Lyon, 2 policiers en civil ont été roués de
coups et transportés à l’hôpital. Ils ont été attaqués par des individus censés
manifester contre le congrès du Front National qui se tenait à l’autre bout de
la ville.
Place Jean Macé à Lyon, 14 heures. Des centaines de
manifestants se regroupent pour protester contre le Front National à l’appel de
plus de 50 organisations. Finalement ce sont environ 2 500 personnes qui se
préparent à partir en cortège dans les rues de Lyon.
L’ambiance se veut « joyeuse et festive ».
Les organisateurs parmi lesquels des partis politiques, des syndicats et des
associations appellent les citoyens « qui se reconnaissent dans les
valeurs de la démocratie » à les rejoindre pour dénoncer les « ravages
de l’extrême-droite ».
L’accès à la place est verrouillé. La police contrôle a peu
près tous ceux qui portent un sac à dos et avant même le début de la
manifestation plusieurs personnes sont interpellées, menottées et placées en
garde-à-vue.
Vers 15h30 le cortège s’ébranle en direction de
Saxe-Gambetta. Très rapidement, quelques individus habillés en noir, cagoulés
pour certains, sortent du cortège et fracassent des vitrines à coups de marteau
puis réintègrent le cortège. C’est là
que la manifestation commence à déraper.
Selon l’AFP « 2 fonctionnaires du renseignement
territorial ont été roués de coups ». (1) En observant les vidéos
mises en ligne, on peut effectivement y voir l’agression contre les policiers.
La scène est filmée par au moins 3 caméras : à 1’13 sur
la vidéo de Picta Press (2), à 11’55 sur la vidéo de Line Press (3) et à 0'20 sur celle de 6medias (4). Elle ne
dure que quelques secondes mais on y voit un homme à terre se faire attaquer
par un casseur. Alors que son collègue tente de le protéger, les deux hommes se
font ensuite caillasser avant d’être roués de coups par une bonne dizaine de
personnes habillées en noir.
La réaction des forces de l’ordre est très rapide. Elle se
traduit par une pluie de grenades lacrymogène sur tout le monde.
A partir de là, la suite de la manifestation ne sera qu’une
succession d’incidents. Abribus cassés, vitrines attaquées à coups de marteau,
distributeurs de billet détruits. Un peu plus loin, au niveau de la
Guillotière, une centaine de casseurs, 200 à 300 selon l’AFP, 900 selon la
préfecture, commencent à jeter des barricades, des pierres et des bouteilles
sur les CRS.
«La manifestation a été infiltrée par des casseurs qui
étaient masqués, le corps protégé par de la mousse pour certains. Ils ont
commencé à casser des vitrines et du matériel urbain, avant de prendre des
barrières de chantier et d’avancer avec. La police a essayé de les encercler»,
raconte un membre de la CFDT.
La police riposte à coups de gaz lacrymogène et de canon à
eau. Sur le pont de la Guillotière, la manifestation est coupée en deux. Vers
17 heures, la préfecture demande aux organisateurs d’interrompre la
manifestation qui tourne au fiasco.
Des courses poursuites s’engagent alors dans la presqu’île
entre ce qui reste de manifestants ou de casseurs, on ne sait plus bien, et des
policiers. Dans un petite ruelle, des vêtements, des lunettes, des gants et des
marteaux sont abandonnés par les derniers casseurs qui se fondent dans la foule
dense d’un samedi après-midi.
Selon le Directeur de la DDSP (Direction Départementale de
la Sécurité Publique), il y aurait eu 14 interpellations, 11 policiers blessés
et des dégâts « minimes ». Pas sur que ce soit l’avis des policiers envoyés à l’hôpital,
des commerçants aux vitres saccagées et des passants aspergés de gaz lacrymogène.
Du côté des organisateurs qui voulaient « emmerder »
le Front National. On a surtout le sentiment de s’être tiré une balle dans le
pied.
Quelques organisateurs parmi lesquels le Parti Socialiste se
demandent aujourd’hui pourquoi la police a préféré riposter en ciblant tous les
manifestants plutôt que d’interpeller les casseurs les plus violents. Le
communiqué du PS met d’ailleurs sur le même plan les « abribus et
commerces vandalisés » avec les « charge des CRS »
qu’il qualifie tous les deux de « débordements ». (5)
Aujourd’hui, force est de constater que la lutte contre le
FN, instaurée grande cause nationale par le parti socialiste et ses amis,
devient de plus en plus compliquée. Cette journée aura en tout cas montré
clairement qu’en voulant dénoncer un parti « dangereux, raciste et
nauséabond » certains offrent un terrain particulièrement propice à
des casseurs ultras violents.
Les débordements dans les manifestations ne sont pas
nouveaux. En revanche, ce qui frappe cette fois-ci, c’est la violence avec
laquelle des casseurs s’en sont pris à des policiers.
Il paraît que « tout fout le camp ». C’est vrai
que quand l’Etat lui-même est sali par ses plus hauts représentants, de droite
comme de gauche, il ne faut pas s’étonner que de plus en plus de monde perde
ses repères.
Comment voulez-vous avoir confiance dans un Etat dont un
ministre du budget, chargé de la fraude fiscale possède des comptes en
Suisse ? Comment voulez-vous avoir confiance dans un Etat dont le président multiplie les mensonges sur la dette, le chômage, les impôts et jusque sur sa
vie privée qui fait régulièrement la une des journaux.
Dans leur communiqué appelant à manifester, les organisateurs
précisent que le FN est « un parti dangereux pour la démocratie, le
vivre ensemble et le progrès social ». Ah. Bon, très bien. Si les
socialistes nous le disent...
En attendant, ce qu’on peut constater pour le vivre au quotidien,
c’est que depuis que le Parti Socialiste est au pouvoir, la démocratie, le
vivre ensemble et le progrès social reculent un peu plus chaque jour. Cette
manifestation en est une illustration supplémentaire.
(2) https://www.youtube.com/watch?v=E5EVUt3FgEw
(à 1’13)